Dans son dernier “droit de réponse” suite à l’article de Jean Jacques Talpin concernant l’offre de service du candidat à la mairie d’Orléans assortie de commentaires électoraux plutôt malvenue, Serge Grouard en profite pour s’autoriser à donner une leçon de journalisme à notre confrère dont l’expérience est largement reconnue dans le métier.
Discours de Serge Grouard salle Eiffel le 17 décembre 2019 – photo Jean-Luc Bouland
“Chasser le naturel…”
Cette leçon, comme toujours avec Serge Grouard, ne manque pas d’audace de la part d’un élu dont les démêlés avec la presse, voire avec la liberté d’expression l’ont conduit à plusieurs reprises devant les tribunaux.
Le confinement est une occasion de revisiter ce récent passé douteux que l’on a peut-être un peu vite oublié et que l’on voit réapparaître avec ce candidat déjà convaincu de sa victoire.
Un feuilleton judiciaire
Il y eut d’abord l’affaire dite Fansolo, du nom d’un blogueur dont le blog potache, baptisé « Les amis de Serge Grouard », avait conduit « Fansolo », devant les tribunaux. Le tort présumé de ce militant socialiste ? Avoir imaginé, à la veille des municipales 2008, des soutiens imaginaires à Serge Grouard, alors maire UMP d’Orléans et candidat à sa propre réélection. Après sa défaite en première instance, confirmée en appel, la Cour de Cassation donnera raison à Fansolo au regard de la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse.
Dans son jugement, la Cour de Cassation rétablit la réalité du délit, dénonçant les méthodes indignes du député Grouard qui avait clairement détourné le droit pour pourchasser le blogueur. Serge Grouard est condamné à 3.000 euros de dommages et intérêts. Fansolot obtiendra également réparation devant le tribunal administratif eu égard à une sanction de son employeur, ami politique de Grouard, liée à un pillage illégal de son lieu de travail.
Orléans gagne en notoriété
S’ensuivit la vindicte tenace à l’égard du journal Libération qui en cette époque faste avait un correspondant à Orléans, correspondant qui n’avait pas l’heur de plaire à Monsieur le Maire pour des articles parfois un peu critiques sur son action et ses prises de position publique. Au point d’interdire l’entrée en salle de presse au dit correspondant, considérant que ce dernier ne respectait pas une charte de la presse toute droit sortie d’un discours de l’élu, dérangé dans ses habitudes avec une presse locale aux ordres.
Adonc, Serge Grouard annonça au travers d’une allocution aux accents gaulliens livrée en plein conseil municipal en octobre 2011, qu’il attaquait le correspondant de Libération et le directeur du journal pour un commentaire laissé sous un article du site d’information LibéOrléans. Face au ridicule de la situation, il jettera courageusement l’éponge, la procédure infructueuse restant au frais du contribuable orléanais. Plus tard, après la parution d’un article raillant son arrêté anti-mariages joyeux, article repris par de nombreux médias nationaux, l’ancien député-maire sera cette fois, poursuivi par le correspondant de Libération pour l’avoir insulté en plein conseil municipal. Malgré une mise en examen pour diffamation, il échappera à une condamnation judiciaire.
Bref, il semble opportun dans cette période où les débats politiques ne tarderont pas à revenir sur le devant de la scène médiatique, si tant est qu’ils aient été interrompus, de rappeler la conception pour le moins originale, de l’indépendance de la presse de l’impétrant candidat à la mairie d’Orléans pour un quatrième mandat.
GP