Au 11 avril 2020, 185 nations sont frappées par la pandémie du coronavirus, avec un tiers de l’humanité confiné chez soi. Afin de vaincre l’ennemi invisible, une solidarité internationale semble indispensable, ce qui doit nous amener à méditer sur le monde.
« Tout vient nous rappeler que nous pouvons vivre sans avions mais pas sans oxygène. Que ceux qui travaillent le plus pour la vie et pour le monde ne sont pas les gouvernants mais les arbres », rappelle William Opsina, illustre figure de la culture colombienne, qui nous presse à repenser le monde – © Pixabay
« Les malades seraient de plus en plus nombreux, de nouveaux cas apparaissant tous les mois. L’absence d’un vaccin efficace ou d’immunité dans le monde exposerait la population à la contagion », peut-on lire dans le rapport édifiant de 2005 Comment sera le monde en 2020 ?, écrit par la CIA, célèbre agence de renseignement américaine. Rapport dont se délectent d’ailleurs les complotistes. Bill Gates, le fondateur de Microsoft exprimait également ses inquiétudes, lors d’une conférence en 2015, sur « l’irruption d’une pandémie à laquelle l’humanité ne serait pas préparée ».
L’urgence d’une solidarité internationale
Des prédictions aux allures de prémonition mais qui révèlent surtout la nécessité d’accorder plus de crédit aux études d’experts et professionnels. L’urgence climatique est justement l’un des thèmes faisant consensus chez les scientifiques, contraints parfois même à inciter à la désobéissance civile, devant l’indifférence des gouvernements. La communauté scientifique pousse des cris d’alertes. De la détresse de la Terre, une conscience collective doit impérativement émerger. Lorsque le poumon de la planète est en feu, ce n’est pas seulement le Brésil qui crame mais notre foyer. Et, quand un virus prend naissance à Wuhan, 185 pays sont frappés par la pandémie, en moins de trois mois. La politique du chacun pour soi est un piège. Sans coopération de la recherche et des informations entre les États, l’humanité court à la catastrophe.
Quelques mois avant la pandémie, c’est quasi à l’unisson que le monde semblait d’ailleurs clamer sa colère. De Beyrouth à Bogota, de Hong-Kong à Khartoum, les populations se sont soulevées contre les pouvoirs en place. Dans l’Hexagone, les Gilets jaunes ont occupé l’espace public pendant plus d’un an, sans oublier, les Blouses blanches, les Robes noires, la vague verte, portée par le phénomène Greta Thunberg et surtout par la jeunesse. Aux quatre coins du monde, les gens réclament les bases d’un monde nouveau. La récurrence des mouvements contestataires doit exhorter nos esprits à s’interroger.
L’humain à l’économie
La société n’est pas immuable. La pandémie planant sur les États, pose une question : de la santé ou l’économie, que choisir ? Certains gouvernements peinent à réagir devant la difficulté à répondre à cette question. Quant à la France, elle a choisi l’État Providence. Laissons la gestion gouvernementale de coté et retournons dans l’Histoire au moment de la terrible grippe espagnole (1918), époque où seul certains lieux publics ont dû fermer puisque la priorité était donnée à l’effort de guerre. Depuis cette tranche historique, les priorités ont changé. Notre époque serait la première où l’économie est sacrifiée au profit de l’humain. En seulement un siècle, s’est opéré un changement de paradigme. Les modèles d’un jour deviennent les modèles d’antan.
L’Union européenne obsolète ?
« Si on a créé l’Europe c’est que spontanément on est d’accord sur rien. C’est pour ça qu’on a des traités, des institutions, des lieux pour essayer de résoudre nos différends ! Chaque fois je m’étonne de voir les commentateurs dire que l’Europe est divisée car oui elle est structurellement divisée par son histoires, ses traditions, ses lois, ses Constitutions et la conscience de l’Histoire collective qui fait les peuples et l’identité de nos nations », répond Jean Dominique Guilliani, Président de la fondation Robert Schumann, à la question, « Que fait l’Europe ? Elle se déchire comme d’habitude », dans l’émission C’est dans l’air du 10 avril 2020. C’est justement parce que nous sommes différents, que nos coopérations sont vitales. Née en 1993, l’Union européenne a de nombreuses défaillances comme le prouve la gestion de crise du Coronavirus avec son retard à l’allumage, la guerre des masques entre les États membres (France et Suède) et le manque de solidarité face à l’Italie. Et relever ces manquements est impératif afin que l’Union tire un enseignement de ses erreurs pour l’avenir. Plus que tout, il est essentiel de s’interroger, après s’être demandé que fait l’Europe, sur ce que serait l’Europe si l’Union européenne n’existait pas ?
Melissa Chenda ANG