Jeanne Jozon, née à Paris (Passy) en 1868, morte à Paris en 1946, est une sculptrice et dessinatrice « Art Nouveau ». Son œuvre est surtout reconnue pour ses représentations féminines romantiques, à la Mucha, qui agrémentent des objets décoratifs (lampes, pichets, vases, presse-papier…).
Fille aînée d’un avocat au Conseil d’État et à la cour de Cassation, Paul Jozon, député gambettiste de Seine-et-Marne de 1871 à 1881, et de Marie Lacan, fille du bâtonnier de Paris. Au décès prématuré de son père en 1881, Jeanne a 13 ans, une sœur et deux frères ; sa mère se remarie au maire de Bourges, le banquier radical Eugène Brisson, fondateur de l’école nationale des Beaux-arts de Bourges. C’est dans cette école que Jeanne débute sa formation artistique à 18 ans en 1886, auprès de Pètre. Elle s’intéresse au folklore et aux paysages berrichons près de Soupize. Elle perfectionne sa formation à l’Académie Julian aux côtés de Puech et d’artistes femmes telle Camille Claudel.
Jeanne Jozon participe au Salon des Artistes français de 1896 à 1914 et fait partie, à compter de 1898, du collectif des « Femmes artistes », en proie à l’hostilité de certains élèves masculins des Beaux-arts de Paris. Elle participe à un concours d’écriture organisé sur le thème : « Pourquoi ne se marie-t-on plus en France ? » Elle y défend le droit de la jeune femme à choisir dans son futur époux un égal. « Le célibat, horizon redouté des mères, méprisé des filles, appartient désormais à l’histoire. Ce souvenir même remplira d’étonnement les clairvoyantes jeunes filles du siècle prochain. Elles se réjouiront de n’être plus ces victimes ignorantes que la vie maltraitait si injustement, en les privant de liberté, et en les excluant de l’existence normale. Actuellement, le spectacle d’une femme seule vivant dignement de ses propres ressources intellectuelles et morales, rend bien davantage affligeant et pénible celui qu’offre un mariage mal assorti où chaque contractant dupé dans ses espoirs de bonheur à deux souffre solitairement auprès d’un être dont il avait espéré et attendu le bonheur. Il faut bien se dire que si tant de femmes se renferment dans le célibat, c’est justement dans la crainte d’une vie malheureuse à deux et celles-là ont plus que d’autres le culte du mariage ; elles le rêvent ce qu’il n’est pas souvent, l’union très intime de deux intelligences, de deux cœurs sous la chaude camaraderie où chacun a son rôle assigné de collaborateur en vue du bonheur commun. »
Pierre Allorant