Sophie Deschamps ©GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires les uns envers les autres !
Nos responsables politiques se gardent bien de prononcer le mot mais il faut bien l’admettre, nous vivons actuellement un effondrement, créé par une épidémie mondiale de coronavirus qui va entraîner dans son sillage une crise économique et financière, comme l’a annoncé sans détours Emmanuel Macron le 16 mars dernier, dans son second discours.
Mais ne vous méprenez pas, mon but n’est pas de vous faire peur en écrivant ce mot : effondrement. Il s’agit plutôt de vous faire partager une prise de conscience (très récente !), alimentée par mes lectures.
En effet, il y a trois semaines j’ai emprunté à une amie un livre sur la collapsologie intitulé : Comment tout peut s’effondrer, sous-titré : petit manuel à l’usage des générations présentes (Anthropocène, Seuil). Un ouvrage publié en 2015 dans lequel les deux auteurs, Pablo Servigne et Raphaël Stevens, citent parmi les effondrements possibles, le risque d’une…pandémie. Du coup, j’ai poursuivi ma lecture en ayant l’impression, jour après jour, de vivre en direct et en grandeur réelle les travaux pratiques de cette hypothèse devenue (malheureusement) réalité.
Vous imaginez peut-être que je suis sortie totalement déprimée de ce bouquin, en pensant que tout était foutu et qu’il ne me restait plus qu’à attendre la fin du monde, en me lamentant dans mon fauteuil tout en me bourrant de hamburgers devant mes écrans. Eh bien, pas du tout ! Car un livre intelligent rend plus intelligent. J’ai même fait mieux, j’ai lu la suite en me ruant sur Une autre fin du monde est possible (Anthropocène, Seuil, 2018) rédigé aussi par Pablo Servigne et Raphaël Servigne, avec le renfort d’un troisième acolyte Gauthier Chapelle.
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Un essai qui paradoxalement provoque une forme de soulagement. Car comme l’explique l’écrivain réalisateur Cyril Dion dans la conclusion de cet ouvrage : « Regarder la réalité en face, cesser de naviguer entre un vague espoir que nous pourrions — Par Dieu sait quel miracle —stabiliser la situation et le sentiment diffus que ce sentiment repose sur une dune de sable humide, est un soulagement. » Mais sans pour autant se voiler la face : « Nous sommes certainement sur le point d’entrer, de gré ou de force et non sans fracas, dans un nouvel âge de l’humanité. » Mais l’optimisme n’est pas interdit : « Nous avons devant nous un immense chantier qui me paraît particulièrement enthousiasmant (et pas un océan de privations comme les esprits chagrins aiment dépeindre l’écologie). » Des paroles à méditer, assurément. Ça tombe bien, nous avons du temps pour cela. Bonnes lectures et à demain !