La sortie d’un cd d’Henri Texier est toujours une bonne nouvelle. Or justement, depuis quelques semaines, Chance est dans les bacs. Huit morceaux enregistrés avec une équipe de rêve, des proches de Texier qui démarrent tous au quart de tour sur la même longueur d’onde. Tous les concerts sont annulés, mais on peut toujours écouter un bon cd !
copyright sylvain gripoix
Henri Texier n’a pas laché son « vieil » ami guitariste Manu Codjia, mais s’est entouré d’une jeune garde tout à fait remarquable. Son fils Sébastien à la clarinette et sax alto, le saxophoniste Vincent Lê Quang qui s’entend à merveille avec Sébastien, et le batteur Gautier Garrigue. Deux générations donc, mais une musique absolument partagée, autant pour les compos, puisque chacun amène au moins un morceau, que pour l’interprétation.
Toujours du coté des indiens d’Amérique
Henri Texier navigue beaucoup dans des thèmes qui l’ont tenu toute sa vie. Ses quatre compos, dont deux hommages à des figures de libération et d’ouverture, Simone Veil et Robert Badinter pour l’un et Pina Bausch pour l’autre, ont de larges échos dans ses travaux antérieurs, notamment autour des indiens. Il y a la gravité et l’ampleur, la solennité du respect et la puissante beauté des thèmes développés jusqu’au bout avec assurance. Surtout avec la précision et les notes plus légères d’un Manu Codjia. Qui propose, lui, un long morceau brillant et joyeux, un Jungle jig fougueux où les soufflants nous entraînent loin, avec des solo de guitare aussi brillants que profonds et sans esbroufe.
La clarinette dans tout son éclat
Sébastien à la clarinette retrouve des sonorités qu’on avait presque oubliées. Cet instrument, souvent éclipsé par les saxos, reprend ici un rôle magnifique, comme sur Pina ou justement il enlace sa sonorité claire et aérienne à celle du saxo plus rauque, plus mystérieux. A tout deux, ils construisent un véritable discours d’admiration pour la chorégraphe disparue, à qui Henri fait entendre un solo tenu comme il sait les faire, où la contrebasse entraîne la rythmique vers la section mélodique. Beau de bout en bout.
Gautier Garrigue signe une pièce un peu étrange, Laniakea, très écrite, avec une batterie inventive et une guitare sollicitée et un peu trafiquée. Cette diversité d’écritures donne au cd entier une énergie intéressante. Le groupe reste parfaitement cohérent et la musique aussi, mais les touches originales de chaque morceaux apportent une variété qui fait de cet enregistrement un grand cru.
BC
Chance
Sébastien Texier, Sax alto, clarinette, clarinette alto
Vincent Lê Quang Saxes ténor et soprano
Manu Codjia guitare
Gautier Garrigue batterie
Henri Texier contrebasse
Label Bleu, l’autre distribution