Dr Jean Paul Briand
Depuis décembre 2019, une maladie respiratoire particulièrement contagieuse et parfois mortelle, est apparue en Chine. C’est une maladie émergente, la Covid-19, due à un nouveau coronavirus, inconnu jusqu’alors, qui se répand dans le monde entier. Nous découvrons jours après jours, au fil de sa propagation, sa physiopathologie et ses conséquences sanitaires.
A Magcentre, nous essayons de suivre l’évolution de cette pandémie virale, par des informations solides et vérifiées en évitant la course au sensationnel*.
Nous sommes passé au stade 3 qui ne concerne pas directement la population. Elle n’est pas significative d’une augmentation de la virulence de la Covid-19. Un stade 3 signifie que le coronavirus circule activement sur l’ensemble du territoire et que la stratégie médicale de lutte contre la pneumopathie, en rapport avec le SRAS-CoV-19, a changé.
Il est désormais très difficile, voire impossible, de remonter les chaînes de contamination, d’autant que ce travail accapare des ressources indispensables à la prise en charge des patients de plus en plus nombreux.
Réorganisation du système de soins
La phase 3 (ou stade 3) se caractérise donc par une réorganisation du système de soins qui consiste à réserver l’hôpital aux cas les plus graves et à dépister de moins en moins de gens. Tous les établissements sanitaires doivent différer les interventions non urgentes et pouvoir repérer, diagnostiquer, prendre en charge et mettre en œuvre des mesures d’isolement des patients contaminés par le SRAS-CoV-19.
Le maintien à domicile doit être privilégié, pour tous les autres cas, et vise à ne pas saturer les capacités de prise en charge des établissements de santé. Pour les patients à domicile présentant des signes de gravité, les SMUR, déployées par le SAMU-Centre 15, assurent la prise en charge à domicile, en corrélation avec les médecins de ville. Le stade 3 vise à maintenir à domicile le plus de patients possibles afin que seuls les patients avec des signes graves soient hospitalisés.
Ralentir la progression virale
Cette nouvelle stratégie s’accompagne de décisions gouvernementales visant à ralentir la progression virale pour que les capacités sanitaires du pays ne soient pas submergées. Le Président de la République les a renforcées, ce lundi 16 mars 2020 au soir.
Néanmoins, ne plus pratiquer de diagnostics biologiques n’est pas anodin (exception faite des cas sévères et de certaines catégories socio-professionnelles).
Pour certains, il vaut mieux limiter les tests aux seuls patients hospitalisés ou éventuellement aux populations dites à risque. Pour ces partisans de l’arrêt des tests tous azimuts, continuer à les faire c’est perdre du temps, de l’argent et monopoliser des ressources humaines inutilement. Ces tests ne servent pas, puisqu’il n’y a pas de traitement spécifique mais uniquement un traitement symptomatique de maintien des fonctions vitales.
Covid-19 reviendra…
A contrario, pour d’autres, il serait important de continuer les tests à grande échelle afin de connaître les chaines de transmission, notamment celles qui sont insoupçonnées et invisibles. Cette connaissance permettrait de cibler les mesures de confinement et de limiter ainsi les conséquences économiques. Ce dépistage systématique de la présence virale aurait aussi un intérêt dans l’étude épidémiologique de cette maladie émergente et pour prévoir son évolution ultérieure. En effet, la Covid-19 reviendra…
Les nouvelles mesures annoncées, ce lundi 16 mars, par le Président de la République, accentuant le confinement des Français, rappellent que la priorité des priorités est de gagner du temps afin d’écraser le pic épidémique et de protéger la capacité de prise en charge de nos hôpitaux.
Dans un état démocratique, tel que la France, pour gagner cette guerre sanitaire, il s’agit uniquement d’une question d’éthique et de civisme personnel.
A suivre…