Dr Jean Paul Briand
Depuis décembre 2019, une maladie respiratoire particulièrement contagieuse et parfois mortelle est apparue en Chine. C’est une maladie émergente, la Covid-19, due à un nouveau coronavirus, inconnu jusqu’alors, qui se répand dans le monde entier. Nous découvrons jours après jours, au fil de sa propagation, sa physiopathologie et ses conséquences sanitaires.
A Magcentre, nous essayons de suivre l’évolution de cette pandémie virale, par des informations solides et vérifiées en évitant la course au sensationnel*.
Résumé de ce que l’on sait à ce jour sur la Covid-19, mais qui peut évoluer :
- La Covid-19 est une maladie hautement contagieuse.
- Elle est bénigne dans la grande majorité des cas.
- Les cas graves chez les enfants sont très rares mais ils transmettent la maladie.
- La grossesse n’est plus considérée comme une situation à risque pour la mère et l’enfant (https://www.rcog.org.uk/globalassets/documents/guidelines/coronavirus-covid-19-virus-infection-in-pregnancy-2020-03-09.pdf).
- Il est difficile de caractériser son taux de morbidité, d’autant que les calculs se font sur les cas symptomatiques identifiés. Ainsi, on peut observer actuellement un taux de létalité de 0,2% en Allemagne, de 1,8% en France, de 2,2%, en Espagne et de 6,2% en Italie. Ce sont les personnes de plus de 60 ans, les personnes ayant du diabète, des maladies cardio-vasculaires ou pulmonaires chroniques qui sont les plus vulnérables (https://www.thelancet.com/pb-assets/Lancet/pdfs/S014067362305663.pdf).
- Les personnes infectées sont contagieuses même si elles sont peu ou pas symptomatiques.
- Dans les formes sévères, la Covid-19 peut se prolonger pendant plus de 3 semaines.
- D’après une étude publiée le 11 mars, la période d’incubation peut être comprise entre 8 et 37 jours (https://annals.org/aim/fullarticle/2763036/coronavirus-disease-2019-covid-19-protecting-hospitals-from-invisible).
- Une pandémie s’arrête lorsqu’il n’y a plus assez de personnes susceptibles d’être infectées.
Rappelons qu’une maladie infectieuse très agressive, qui tue énormément, diffuse peu. Les malades atteints sont vite identifiés et ne peuvent pas se déplacer. Une maladie infectieuse peu grave, où le virus circule incognito, permet à beaucoup de personnes contaminées de se mouvoir et de diffuser la maladie. C’est le cas de la Covid-19.
Tous ces éléments font que la Covid-19 va continuer à se propager en France et dans le monde.
Avec la Covid-19, il faut bien assimiler que le risque individuel est très faible mais que le risque collectif est très important, si la progression de la Covid-19 n’est pas ralentie. 81% des personnes infectées auront des formes bénignes guérissant à domicile mais 14% des malades auront des formes sévères nécessitant une hospitalisation et 5% devront être soignés longuement en réanimation où certains décéderont. Nos hôpitaux disposent d’un peu moins de 140 000 lits MCO (médecine – chirurgie – obstétrique) dont 5 000 lits de réanimation et 7 300 lits de « surveillance continue ». Ils peuvent donc être très vite débordés, d’autant qu’ils doivent continuer à assurer la prise en charge des autres malades.
Le risque majeur de cette bouffée de Covid-19 n’est pas tant la létalité mais celui de la submersion des hôpitaux, comme cela se produit en Italie. Il est donc de notre devoir de respecter les consignes d’hygiène :
- Se laver les mains très régulièrement.
- Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir.
- Saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades.
- Utiliser des mouchoirs à usage unique et les jeter.
Il faut également protéger les personnes fragiles et en particulier les personnes âgées ou hospitalisées. Ces mesures ne sont pas faciles car restreindre les visites est douloureux pour les patients et leurs proches.
Après avoir écouté les avis d’un collectif scientifique de haut niveau(1), le Président de la République a annoncé, le 12 mars 2020, les consignes nationales choisies. Il est à espérer que les incrédules, n’ayant pas encore intégré que la situation sanitaire actuelle était particulièrement préoccupante, ne soient aujourd’hui plus qu’une petite poignée de sceptiques irresponsables. Chacun peut penser qu’il en fait trop ou peut-être pas assez, mais c’est l’Etat qui décide des consignes collectives (https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus) que nous devons tous respecter.
(1)Le conseil scientifique du gouvernement est composé de Jean Francois Delfraissy, immunologiste et président du Comité consultatif national d’éthique – Laetitia Atlani Duault, Anthropologue – Daniel Benamouzig, Sociologue – Lila Bouadma, Réanimatrice – Simon Cauchemez, Modélisateur – Pierre Louis Druais, Médecine de Ville – Arnaud Fontanet, Epidémiologiste – Bruno Lina, Virologue – Denis Malvy, Infectiologue – Didier Raoult, Infectiologue – Yazdan Yazdanapanah, Infectiologue.
A suivre…