Quelle est la position des candidats aux municipales sur la laïcité ? Interrogés par le Laboratoire Loiret de la laïcité, les têtes de listes des communes de plus de 10000 habitants du Loiret expriment des positions très diversifiées. Quand elles veulent bien répondre…
Le constat parait amer, ou tout au moins désolant, quand on sait que la loi sur la laïcité a plus de 100 ans, et quelle devrait être depuis longtemps légitime pour les candidats à une fonction officielle. Mais cela ne semble pas le cas. “Nous avons adressé un courrier à toutes les têtes de liste des 11 communes du Loiret de plus de 10 000 habitants, avec des questions simples sur leur volonté de faire respecter la loi en matière de laïcité, et nous sommes vraiment déçus par les réponses“, explique le président du Laboratoire Loiret de la laïcité, Gilles Kounowski. Son désappointement peut se comprendre. “Sur ces 11 communes concernées, 5 nous ont totalement ignorés, et pour les 6 autres, rares sont celles dont nous avons les réponses pour l’ensemble des listes“.
Des questions simples
Ce questionnaire adressé aux candidats, issus des obligations et recommandations aux élus émanant de de l’Observatoire de la laïcité, un organisme gouvernemental, et de l’Association des mires de France, comportait 10 points importants définis par la loi pour le respect de la laïcité dans l’exercice du mandat d’élus (neutralité) comme dans la gestion des équipements publics dépendant de l’autorité du maire. Ainsi, outre la neutralité des élus et des agents municipaux, il faut veiller à celle des bâtiments publics (pas de crèche à Noël dans un hôtel de ville), à la restauration scolaire, aux activité extra-scolaire comme à la mixité des activités, mais aussi dans l’attribution des places dans les cimetières, sans référence influence du représentant d’un quelconque culte, comme dans l’attribution des logements sociaux…ou dans l’attribution de fonds publics à l’édification d’un lieu de culte. Et, il est fortement conseillé de mettre en place sur la commune un Conseil de la laïcité.
“Le respect de tous ces points est de l’autorité du maire. il est donc logique d’interroger les candidats avant les élections sur leur volonté de les faire appliquer. Mais rares sont ceux qui ont tout bon, selon nos critères, pour l’ensemble de ces 10 points“. Déjà, éliminant à regret les candidats des communes d’Amilly, Châlette sur Loing, La Chapelle St Mesmin, Olivet et Saran, donc aucun candidat n’a daigné répondre, les membres du Laboratoire de la laïcité se sont attachés aux réponses reçues, parfois in-extrémis, pour les villes de Fleury les Aubrais, Gien, Montargis, Orléans, Saint Jean de Braye et Saint Jean de la Ruelle. Pourquoi le silence de certains ? “Peut-être par méconnaissance des fondamentaux, ou parce qu’ils sont mal à l’aise avec le sujet, ou parce qu’ils ne veulent pas froisser une partie d’un électorat potentiel quine partage pas totalement les valeurs de la république“, explique Gilles Kounowski, remarquant “qu’il semble plus facile de se déclarer écologiste, comme tout le monde, que défenseur de la laïcité“.
A Saran, comme à Amilly, Châlette sur Loing, Olivet et La Chapelle st Mesmin, aucune candidat n’a répondu au questionnaire.
Des réponses très contrastées
Ainsi, si le silence est assourdissant pour les communes sans réponses, il peut aussi être embarrassé pour les autres. Et, au vu des documents retournés, ville par ville, on peut parfois être surpris par rapport à ses attentes. Ainsi, pour Orléans, la ville préfecture, pour 5 listes considérées, celle de Baptiste Chapuis est la plus conforme, suivie de celle de Nathalie Kerrien puis de Jean-Philippe Grand, celles d’Olivier Carré et de Serge Grouard n’étant pas parvenue. Dans les autres communes de la métropole orléanaise, la liste de Carole Cannette est la plus conforme, faisant un sans-faute, celle de Stephan Kuzbyt peu satisfaisante, notamment concernant la neutralité des élus, alors que celle de Marie-Agnès Linguet n’est pas parvenue. A Gien, seules les réponses de la liste de Francis Cammal sont parvenues, peu satisfaisantes concernant la neutralité des élus. A Montargis, faute de réponse de la liste de Bruno Nottin, c’est celle de Manuel Ribeiro qui fait un sans faute, celle de Benoit Digeon pêchant surtout sur la restauration scolaire et l’installation d’un conseil de la laïcité. A Saint Jean de Braye, où seule la liste de Vanessa Slimani a répondu, les résultats semblent des plus moyens, tandis qu’à St Jean de la Ruelle, où seule la liste de Christophe Chaillou a répondu, si l’existence du conseil de la laïcité est actée, la neutralité des élus semble loin d’être conforme.
Il y a donc, vraisemblablement, encore beaucoup à faire pour inciter les élus à respecter les principes simples de la laïcité, notamment qu’ils s’engagent à une stricte neutralité dans l’exercice de leur mandat. “On ne doit pas porter son écharpe tricolore si l’on participe à une cérémonie religieuse, par exemple“, insiste Gilles Kounowski. Et, conclue-t-il, “Le Laboratoire Loiret de la Laïcité est à la disposition des élus pour les aider à (mieux) répondre aux questions relatives à la Laïcité. Il assurera une veille permanente sur les pratiques des communes en matière de Laïcité“. Voilà qui est dit. Encore faut-il que ce soit entendu, puis appliqué.
Jean-Luc Bouland