Dr Jean Paul Briand
La loi NOTRe du 7 août 2015 attribue aux communes et aux intercommunalités la responsabilité sur un large champ culturel (bibliothèques, musées, services archéologiques, création et enseignement artistiques, organisation de manifestations culturelles, etc) afin que l’offre culturelle dans la cité puisse toucher toutes les couches de la population.
La culture participe à la paix sociale
L’accès à la culture et aux cultures est une composante majeure pour toute démocratie. Elle concoure, entre autres, à l’intégration et à la citoyenneté. La violence est souvent issue de l’ignorance et de l’inculture. Elle naît aussi de la révolte lorsque traditions ou coutumes sont ignorées, négligées ou dénigrées. Elle se nourrit parfois du sentiment d’injustice lorsque des renoncements identitaires sont méprisés. Dans une ville, toutes les cultures doivent coexister et être intégrées. Une politique culturelle doit permettre à chaque habitant, dans le respect d’autrui, d’être apprécié dans sa spécificité, de connaître les richesses et les ressources culturelles de l’autre, qu’elles soient dans les arts, les religions, les modes de vie, les habitudes alimentaires,… La culture est un élément qui participe à la paix sociale par la création de liens authentiques et apaisés entre les habitants d’une cité.
Du futur faisons table rase – de Thomas de Visme, Pauline Jambet,
Elargir l’offre culturelle ne suffit pas
La loi du 29 juillet 1998, relative à la lutte contre les exclusions, réaffirme dans son article 140 : « L’égal accès de tous, tout au long de la vie, à la culture /…/ La réalisation de cet objectif passe notamment par le développement, en priorité dans les zones défavorisées, des activités artistiques, culturelles… ». Son application suppose que tous les membres d’une même collectivité participent à la vie culturelle et accèdent aux lieux où elle se vit, qu’il s’agisse des théâtres, des musées, des cirques, des salles de concert ou de cinéma, de la musique, des festivals, des bibliothèques, etc. Ouvrir de nouveaux lieux, inventer ou pérenniser des sites et des événements culturels comme le proposent les différents candidats à la magistrature municipale orléanaise, à la suite du questionnaire de Magcentre (https://www.magcentre.fr/191176-orleans-et-la-culture/) doit évidemment être fait. Force est de constater que l’accès à la culture pour tous n’est pas encore une réalité, élargir l’offre culturelle ne suffit pas.
Etendre et diversifier les publics
La Déclaration de Fribourg reconnaît les droits culturels pour chacun. Mais comment obtenir la reconnaissance de ce droit à la culture pour le plus grand nombre ? Développer un domaine culturel cloisonné aux spectacles et au patrimoine, c’est forcément le restreindre à un certain public. Elargir et diversifier le public est difficile, voire un défi pour certaines activités culturelles. L’accessibilité aussi bien financière qu’en termes d’appropriation n’est pas forcément un objectif pour des salles dont les jauges seront remplies de toutes façons. Aller chercher d’autres publics et les faire participer à la vie culturelle nécessite qu’une municipalité investisse dans l’éducation, dans les secteurs du social, dans l’aménagement du territoire…Extension et diversification des publics passent par des travailleurs sociaux d’un nouveau genre.
Les passeurs de culture
Afin d’étendre et de varier les publics, il serait efficient que les prochains élus en responsabilité pour Orléans et sa métropole s’inspirent de la ville de Rennes. Des postes de « passeurs de culture », réunissant des professionnels du champ social, de l’animation et de la culture, ont été créés. Localement, leurs rôles seraient d’accompagner les établissements culturels dans leur politique, de permettre, dans tous les quartiers, la découverte de l’offre culturelle de la ville et de la métropole, de susciter ou de stimuler des initiatives. La politique des abonnements pour assister à certains spectacles favorise l’entre-soi. En disposant d’un lot d’invitations, les « passeurs de culture » pourraient ainsi aller chercher les personnes qui ne viennent pas d’elles-mêmes, intimidées et ne disposant pas des codes du monde culturel actuel.
La mission de l’action culturelle de la ville
Pour une cité, la culture ne peut pas être une simple finalité. Au delà de sa consommation, elle doit être un outil de rassemblement de tous ses habitants, de cohésion sociale, de lutte contre isolement, exclusion et repli sur soi. Produire le ciment qui réunit toutes les couches sociales, toutes les générations et toutes les identités culturelles, voilà la principale mission de l’action culturelle de la ville.
« Tout ce qui travaille à la culture travaille aussi contre la guerre » Sigmund Freud