Tête de liste, Rassemblements National à Blois Mathilde Paris, 35 ans veut incarner le renouvellement des idées du parti situé « à la droite de la droite ». Rejetant racisme et haine, elle ne craint cependant pas d’affirmer son attachement aux valeurs et à l’identité nationale.
Avec sa ressemblance avec Marion Maréchal (qu’elle connait), Mathilde Paris dénote parmi les candidats du parti de Marine Le Pen. Et son discours plutôt mesuré tranche avec les propos excessifs de certains. Titulaire d’un Master 2 Arts et Culture obtenu à l’université Panthéon-Sorbonne, la jeune femme la joue modeste : « je ne suis pas une professionnelle de la politique mais une citoyenne engagée qui veut faire bouger sa ville, défendre son unité face au communautarisme qui divise ».
Pour preuve, elle vient de créer son entreprise dans le domaine de l’architecture d’intérieur et de la décoration. Mais, c’est aussi parce que « le salariat était devenu difficile à gérer » que cette maman de 3 jeunes enfants a donné une nouvelle orientation à sa carrière. En poste au Domaine national de Chambord où elle s’occupait du mécénat puis du tourisme, elle n’a pas hésité à prendre un CIF pour « sécuriser » son avenir.
Née dans le Val d’Oise, elle grandit, dans une famille monoparentale ce qui la marquera durablement. Elle propose ainsi dans son programme la création d’une Maison de répit familial pour venir en aide aux parents solo qui sont « à 85 % des femmes, souvent au bord du burn-out, épuisées et fragilisées ». (1)
Politiquement, elle rejoint d’abord le MPF de Philippe de Villiers avec qui elle se retrouve sur la défense de l’identité nationale … et de la valorisation du patrimoine. A l’époque, la jeune étudiante manifeste même contre les propos de Jean-Marie Le Pen. Cela ne l’empêchera pas d’adhérer au Front national en 2011 : « le discours de Marine Le Pen collait avec ce que j’ai aimé chez Philippe de Villiers ».
Mariée avec un ingénieur, elle s’installe à Blois en 2010 et s’implique alors dans la vie d’une fédération frontiste « ni facho, ni raciste », sinon « je sera partie » assure-t-elle. Elle gravit vite les échelons, N°2 de la liste conduite par Michel Chassier en 2014, elle est élue conseillère régionale en 2015, assemblée dans laquelle elle siège avec intérêt à la commission Coopération décentralisée, culture et sport.
Créditée de 9 % dans le sondage Ifop-Fiducial pour la NR 41 du 28 février dernier (2), la jeune femme n’est pas surprise : « je suis partie tard en campagne et en plus, nous n’avons pas de gros budget pour la campagne pour faire du publipostage par exemple ». Elle n’oublie cependant pas de tacler son concurrent à droite, le candidat LR (Malik Benakcha, NDLR) « qui colle et décolle nos affiches ». Désormais plus disponible, elle compte arpenter le terrain, mise sur les panneaux électoraux pour se rendre plus visible et la venue du député européen, pourfendeur du mondialisme, Hervé Juvin (3).
Son objectif : atteindre les 15-16 % à l’instar de « son parrain » politique Michel Chassier en 2014 (15,73 %). Pour cela, la liste « Un autre avenir pour Blois » porte un programme basé sur l’attractivité et la proximité. « Prise en étau entre les 2 métropoles, Blois doit urgemment retrouver sa place afin de ne pas s’enfermer dans le déclin. Elle a de nombreux atout à valoriser. C’est tout l’enjeu de notre projet pour la ville ».
En matière économique, elle prône ainsi une 2e sortie d’autoroute « essentielle pour le développement de l’activité économique », la baisse de 2 points de la Contribution foncière des entreprises (CFE), « plus élevée qu’à Tours, Orléans ou Contres », l’acquisition du foncier différée pour les entreprises mais aussi des « zones d’activités high tech et écoresponsables ».
Quant on l’interroge sur la valeur ajoutée de sa candidature ? « j’ai des idées, je suis créative, mesurée et pragmatique » note-t-elle en prônant une ville plus écologique et attentive aux plus fragiles. Et du tempérament car l’entretien se ponctuera sur une diatribe contre « les politiques prêts à tout », avides de l’adrénaline du pouvoir et de ses avantages financiers. « L’affaire Benjamin Griveaux, l’hypocrisie ça m’écoeure … » conclut-elle. Sur les terrains de la morale et de l’anti-système, traditionnels à l’extrême droite, Mathilde Paris se montre intarissable.
Jean-Luc Vezon
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Une famille sur 5
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M.Gricourt est crédité de 45 %, M.Benakcha de 18 %, G.Vieira de 15 % et Etienne Panchout de 13 %. 598 personnes ont interrogées. Pas encore déclarée au moment du sondage, la candidate d’extrême gauche (Lutte ouvrière) Marie-Anne Clément n’y figure pas.
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Le 9 mars, salle Brisebarre.
Des liens d’amitié avec Marion Maréchal
Espoir du RN, Mathilde Paris connait le parti de l’intérieur où elle possède un réseau. « Je connais un peu Marion Maréchal. Son engagement était sincère. Si elle a choisi la métapolitique (NDLR, littéralement, « ce qui se situe au-delà des affaires publiques »), c’est pour rester libre ». La nièce de Jean-Marie Le Pen reviendra-t-elle de son exil lyonnais où elle dirige un établissement d’enseignement supérieur privé ? « je ne le crois pas, le temps de l’union des droites n’est pas encore venu » assure-t-elle.