C’était son dernier combat, obtenir une scène digne de ce nom pour la programmation de la « Caravane » pour le festival Jazz à l’Evéché de juin prochain. Devant l’incompréhension de ses interlocuteurs municipaux, Gérard, après vingt ans de combat pour faire une place à la musique innovante à Orléans, jette l’éponge au grand dam du public qui perd là une des figures les plus sensibles et originales de la scène et du spectacle vivant.
Après le festival « Pari sur Loire » consacré à la chanson de 98 à 2003 c’est au bar de l’Atelier que Gérard débute une programmation régulière de concerts sur Orléans, dans une salle qui ressemblait plus à un couloir et où se pressaient les amateurs de découvertes musicales. Et puis profitant de feu le Festival Orléans Jazz, liquidé en son temps par le couple Grouard-Kerrien, Gérard gagne la rue et les bars en 2003 d’abord avec une estrade devant le bar, rue de Bourgogne, puis et une scène place du Temple, avant d’envahir le jardin de l’Hôtel Groslot avec une programmation musicale que l’on savait toujours hors des sentiers battus. Avec une connaissance exacerbée des milieux du jazz mais aussi de solides amitiés, le jazz proposé par Gérard a toujours tranché sur une offre musicale parfois trop centrée sur des stars affirmées.
Les Rami, c’est fini
Mais Mister G avait plus d’une corde à son arc, et, en 2015, avec l’association Le Nuage en Pantalon, hommage marqué au poète tutélaire russe Maïakovski, il décide de nous offrir un supplément d’âme en associant la poésie et la musique en bâtissant les RAMI (les Rencontres Artistiques de Musiques Improvisées), en partenariat avec la Scène Nationale d’Orléans. Et cinq années de suite, les RAMI nous ont offert ces moments d’exception d’une programmation follement inventive, incomparable, d’une originalité sans concession qui rencontra un public assoiffé de nouveautés, public qui ne peut que lui savoir gré de ces moments de rêve artistique.
De tout cela, il faudra donc en parler au passé parce qu’une ville n’a pas su saisir l’absolue qualité de son travail. Et cette fin vient s’ajouter à une liste trop longue d’initiatives associatives qui disparaissent sans laisser de traces ces dernières années. Ce fut aussi le sort d’O’Jazz que son président, Jean Louis Derenne, avait jugé opportun d’arrêter par absence de soutien, quelques jours avant son décès cet été, ayant décidé notamment de clôturer la programmation des pourtant très populaires Samedis du Jazz. Et si l’on remonte un peu dans le temps, c’est aussi la disparition du festival de Travers, le seul festival métropolitain de chansons françaises, mais aussi la fermeture du Théâtre du Parc Pasteur…
A l’heure où tous les candidats nous promettent monts et merveilles dans des programmes où la culture n’est pas toujours à la une (mais n’oublions pas le retour du Festival Orléans Jazz promis par Serge Grouard !), il serait temps d’inscrire dans ces intentions électorales, le respect et le soutien de ces associations culturelles animées par des passionné(e)s qui apportent tant à la vie culturelle locale.
GP