Châteaudun, Philippe Duprieu est l’un des cinq candidats en lice

« On ne peut envisager raisonnablement de mener de front la responsabilité de maire d’une ville de 13 500 habitants et une activité professionnelle ».

Philippe Duprieu

Interview

MagCentre : Adjoint au maire, vous avez décidé de mener la liste « Pour chaque Dunois ». Pourquoi ?

Philippe Duprieu : Outre la fierté de représenter l’équipe sortante à la demande de mes amis, on porte un bilan dont nous sommes très fiers. S’il parle de lui même, il est quand même nécessaire dans une ville de taille moyenne comme la nôtre, de le défendre. Surtout quand nos concurrents ont plutôt tendance à casser tout ce qui a été fait sous le mandat d’Alain Venot. Donc si des dossiers sont très visibles comme la reconversion de la caserne Kellermann qui abrite déjà des associations et une maison municipale de santé, avant d’accueillir à terme l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) et l’Institut de formation d’aides soignants (IFSA) de Châteaudun, le siège de la communauté de commune du Grand Châteaudun, des services publics mais aussi un nouvel Ehpad, il y a d’autres chantiers à l’image de celui de l’ancienne usine de machines-outils de la GSP, friche industrielle en plein centre-ville, qui ont pu aboutir.

Dans cette affaire par exemple, un arrêté de péril imminent, nous permet aujourd’hui de sécuriser le site de cet ancien fleuron industriel avant d’envisager un nouvel avenir. Nous avons également le projet de construire une nouvelle passerelle au dessus des voies SNCF. Il ne s’agit pas de construire uniquement un nouvel accès à la gare mais bien de créer une nouvelle desserte entre deux quartiers de la ville, séparés, de façon symbolique, par la voie de chemin de fer.

Est-ce à dire que vous privilégiez, contrairement à d’autres candidats, une ouverture à l’Est de la ville ?

On a trois quartiers à Châteaudun, la vieille ville, quartier Saint-Jean et ce qu’on appelle les nouveaux quartiers, qui sont de l’autre côté de la voie de chemin de fer. Avec cette passerelle qui va rejoindre le quartier Martineaux-Beauvoir-Kellermann au centre ville historique et un ascenseur urbain qui va faciliter le passage d’un quartier à l’autre pour les piétons et les cyclistes, on va essayer de gommer ce particularisme. C’est donc un très beau projet qui se fera en plusieurs phases. Par ailleurs, avec la perte il y a dix ans de la base aérienne, on a pu bénéficier d’un Contrat de redynamisation de site défense (CRDS). Et dans ce contrat de redynamisation, il y a un volet pour améliorer l’attractivité de notre ville , et plus précisément notre centre ville. On va donc avoir des financements publics pour ces différents projets et redonner une nouvelle attractivité à notre ville.

Mais votre volontarisme affiché pour redynamiser le centre ville ne risque-t-il pas de se heurter à la réalité économique du foncier dunois ?

Il est vrai que certains loyers sont trop chers. Nous essayons avec les locaux que nous avons de mener une politique de location plus attractive, notamment envers les artisans. Non que nous ayons un problème de désertification commerciale, comme on le constate dans certaines villes, à l’image de Dreux, mais nous devons rester attentifs. Et je pense que notre stratégie commence à avoir une influence sur les bailleurs.

Au cours de ces dernières semaines, la presse a souvent relayé une ambiance délétère sur le terrain, nourrie par des incivilités, voire de la violence. L’avez vous constaté ?

A Châteaudun, je n’ai point entendu parlé de ce type de phénomène. Et si c’était le cas, j’en serai navré. On a la chance d’avoir un système démocratique qui donne la possibilité à tout à chacun de se présenter. Aussi je suis scandalisé au plus profond de moi-même par ces incivilités et ces actes de violence, qu’ils soient verbaux ou physiques. D’autant qu’on s’engage pour des idées.

Êtes-vous surpris que nombre de candidats se font aujourd’hui discrets sur leur couleur politique ?

Tout le monde sait que je suis issu de la majorité municipale. Je fais tout pour n’avoir jamais à rougir de ce que je suis, de ce que je pense et de ce que je fais. Et si j’assume totalement mes idées, j’aime aussi travailler avec des gens qui pensent autrement dans la mesure où ils sont sincères, courageux, travailleurs et qu’ils agissent pour notre territoire.

Est-ce à dire que vous pourriez vous allier avec des listes radicales ?

Dans ma liste, il n’y a aucun extrême, ni de droite, ni de gauche. J’avoue néanmoins que je serai gêné d’avoir sur ma liste des personnes d’extrême droite ou d’extrême gauche. Cela dit, on est dans une ville de 13 500 habitants et je ne pense pas, même si faire un choix entre tel et tel investissement est un choix politique, que la politique politicienne ait sa place dans une ville comme la nôtre. Nous gérons les deniers publics dans l’intérêt de la collectivité, ce sont donc les qualités de gestionnaire qui sont jugées et non les orientations politiques.

Pour gagner, doit-on aujourd’hui être « écolocompatible » ?

Aujourd’hui, je pense que chaque habitant de la planète doit être « écolocompatible ». Et je me réjouis de savoir que si la Chine est le premier pollueur mondial, on ne baisse pas les bras à notre niveau. Je défends toutefois une écologie responsable et non une écologie politique. Car c’est une utilisation malhonnête de la nécessité absolue de faire attention à notre environnement.

Comment expliquez-vous que plusieurs maires refusent de se représenter ?

Je pense que ce phénomène touche principalement les petites communes. Dans des villes comme Châteaudun, Brou ou Cloyes-les-Trois-Rivières, il y a suffisamment de population pour justifier la présence d’agents municipaux. On est donc entouré d’équipes très compétentes laissant aux élus leur rôle de décideur, de visionnaire si possible,de gestionnaire bien évidemment. Dans les petites communes, c’est différent : les maires font tout. De plus avec la baisse des dotations financières, l’exercice municipal est rendu très difficile. On peut donc comprendre qu’après un voire deux mandats, on ait envie de dire stop.

Qu’est ce qui vous démarque de vos concurrents ?

L’expérience et le renouvellement. Derrière notre liste « Pour chaque Dunois », on a une belle équipe avec des gens élus il y a six ans et d’autres qui arrivent avec des expériences différentes. Il n’y aura pas de rupture. On sera en effet dans la continuité de beaux projets qu’on a, avec le maire Alain Venot, initié ou finalisé. Ce qui nous démarque, c’est la connaissance des dossiers : Le CRDS (Contrat de redynamisation de site de défense), l’ORT (Opération de revitalisation des territoires), la base aérienne. Je pense que ce savoir-faire est un atout. On va donc continuer à travailler d’arrache-pied pour faire venir des entreprises, sans oublier d’accompagner nos entreprises en place pour qu’elles recrutent le mieux possible. Mon objectif sur le plan économique est bien de retrouver une nouvelle dynamique, une nouvelle attractivité. De plus je me suis engagé si je suis élu à cesser mon activité professionnelle. On ne peut envisager raisonnablement de mener de front la responsabilité de maire d’une ville de 13 500 habitants et une activité professionnelle. Avec le précédent maire Didier Huguet (aujourd’hui sur la liste « Châteaudun 2020 » conduite par Fabien Verdier NDLR) qui était à mi-temps maire et à mi-temps pharmacien, on a vu que le résultat n’était pas trop positif.

Justement avant d’être candidat à la succession d’Alain Venot, vous êtes Adjoint au développement économique à la mairie. Peut-on concilier les deux ?

J’ai une priorité absolue : honorer la confiance que nous ont donné les électeurs en 2014. C’est à dire travailler pour la collectivité jusqu’à fin mars 2020. La très grosse partie de mon travail est donc de poursuivre cette tâche. Il est hors de question que j’arrête tout pour me consacrer simplement à la campagne. La campagne vient après. Cela va de soi !

Si vous êtres élu, quelles seront vos priorités en ce début de mandat ?

Quand on est l’équipe sortante, c’est la poursuite dans un premier temps des dossiers en cours. Le chantier Kellermann continue, tout comme le centre commercial Beauvoir et autres réalisations. L’atout que nous avons, pour ne pas dire l’avantage que nous pouvons offrir à nos concitoyens, est la continuité. Nous ne remettrons pas en question des chantiers, appréciés j’en suis sûr par la population, qui ont été initiés, votés. Il n’y aura pas de rupture. C’est donc la poursuite de nos projets. Je pense ainsi à la base aérienne, avec la mise en place des premières fiches actions du CRSD, qui vont permettre de créer, avec la reconversion du site libéré par la Défense, de nouvelles richesse et donc de l’emploi.

L’emploi reste donc le fer de lance de votre programme ?

Oui même si on n’est pas du tout dans une situation impossible. On a des difficultés structurelles qui touchent le commerce du centre ville et des quartiers mais les entreprises dunoises se portent plutôt bien. On a un joli maillage avec des PME (Alltricks, PMA28…) et des entreprises plus grandes comme Safran ou Paulstra. Il y a eu certes des pépins industriels avec des délocalisations mais c’est du passé même si on en parle encore. Et je voudrais dire que ce n’est pas la faute de tel ou tel maire quand vous avez une entreprise de téléphonie qui décide tout d’un coup de fermer un site où 1000 personnes travaillent pour aller en Europe de l’est ou en Asie du sud-est. Vous ne pouvez sérieusement incomber la responsabilité de cette décision au maire même si celui ci monte en première ligne pour défendre le dossier.

Certes mais Châteaudun n’est-elle pas pénalisée par l’absence d’infrastructures routières et ferroviaires ?

Oui, on n’a pas de gare de TGV. Oui, on n’ a pas de sortie d’autoroute mais on a un autre atout, notre situation géographique. Nous sommes à 50 km de grandes villes comme Chartres, Orléans, Blois. 100 km de Tours. A 30 km d’entrée ou de sortie d’autoroutes qui desservent toute la France. Ce n’est donc pas un hasard si des nouvelles entreprises comme Alltricks se sont installées chez nous. Châteaudun est une ville sympa, une ville où tout le monde se connaît. Avec plus de 250 associations sportives ou culturelles, on a une qualité de vie inégalée.

En région, beaucoup plaident pour un retour au 90km/h. Qu’en pensez-vous ?

Par goût, je ne suis pas un fou du volant. Je pense néanmoins que le 80 km/h est difficile à tenir. Si on me donnait le pouvoir de décider, je crois au regard des dernières statistiques que je reviendrai au 90 km/h. Cela dit, il serait bon que la collectivité consacre davantage de financement à améliorer la sécurité sur nos routes. Je pense notamment à la N10 qui mérite des aménagements. J’avoue que je crois, moi qui suis agent d’assurance, plus en l’éducation du conducteur, à la lutte contre le téléphone, l’alcool, les stupéfiants au volant….

Recueilli par Z.C.

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