Ce jeudi 20 février, la salle des thèses de l’Hôtel Dupanloup, une fois n’est pas coutume pleine à craquer d’une centaine d’étudiants en droit et en économie, mais aussi de praticiens (notaires, avocats cadres de la banque ou des assurances), accueillait une conférence organisée par l’Association ELSA et le Master 2 Droit et ingénierie du patrimoine, avec le soutien du Centre de recherches juridiques Pothier et du Laboratoire d’Economie d’Orléans dirigé par Christophe Hurlin.
Nadège Grennepois du cabinet Deloitte
Pourtant, l’association de l’ingénierie patrimoniale et de l’éthique ne va pas naturellement de soi, n’en déplaise à Monseigneur Dupanloup, même sous l’angle nouveau de l’utilisation des données numériques. En effet l’éthique s’interroge sur la morale, les valeurs, elle s’inscrit comme un cadre qui contraint la créativité de la stratégie et impose aux ingénieurs patrimoniaux d’agir en respectant certains principes fondamentaux. Si ingénierie patrimoniale renvoie à l’habileté fiscale, aux montages juridiques, aux stratégies sophistiquées de placement et d’investissement, la prise en compte de l’éthique est devenue fondamentale pour les clients et les autorités
Les clients recherchent des investissements socialement responsables (ISR), et sont de plus en plus vigilants aux comportements de leurs conseils dans le but de valoriser et transmettre leur patrimoine tout en donnant du sens à sa structure. Quant aux autorités, elles prônent le principe de transparence en matière financière et intensifient leur lutte contre la corruption. Ainsi la loi Sapin 2 consacre le principe de compliance en droit français et oblige à « internaliser » la lutte contre la fraude, chaque entreprise doit mettre en place des dispositifs internes efficaces pour lutter contre le blanchiment d’argent.
Reconnus dans les domaines de la finance et du droit, les conférenciers, tant praticiens (Nadège Grennepois du cabinet Deloitte, Arthur Sauzé consultant legaltech et avocat youtubeur) qu’universitaires (Mai Ishikawa de l’université de Waseda à Tokyo, Anastasia Sotiropoulou, Denisa Banulescu-Radu et Sandie Lacroix-de Sousa de l’université d’Orléans) ont clairement présenté les enjeux des outils techniques déjà largement utilisés par les ingénieurs patrimoniaux : Intelligence artificielle, Blockchain, Cryptomonnaies, Machine Learning.
Les ingénieurs patrimoniaux ne peuvent aujourd’hui échapper à ce « diktat » de l’éthique, à la « moralisation » du droit et de la finance, que leur motivation s’appuie sur un réel engagement sociétal, sur l’enjeu réputationnel ou la simple crainte de sanctions. Or les moyens financiers et techniques mis en œuvre pour remplir ces obligations se sont considérablement développés. L’Intelligence artificielle, la Blockchain, le Machine Learning sont des armes efficaces pour détecter les transactions suspectes, les cas de blanchiment, et exploiter de grands volumes de données.
Ces thèmes d’actualité, objets de recherche universitaire des laboratoires d’économie et de droit d’Orléans, ont suscité des formations innovantes (certificats et diplômes d’université) qui se mettent en place à la faculté de droit d’Orléans en un véritable « printemps numérique » 2020, expérimentation qui porte l’ambition de renouveler l’offre, initiale et de formation tout au long de la vie, à destination des étudiants et des professionnels en vue de l’installation en 2024 au coeur de la capitale régionale, mais sans attendre ce choc d’attractivité. Avec, très rapidement, la création d’une double licence droit/éco-gestion permettant une sensibilisation à l’étude des données, et débouchant sur un master original dans le sillage de ces travaux de recherche.
2024 à Orléans ne se résumera pas à l’accueil à Comet de délégations olympiques à proximité de Paris. Se prépare dès à présent le lancement, ici à Orléans, berceau médiéval de l’enseignement du droit renaissant depuis un demi-siècle, de la première école française de la transformation numérique des métiers du droit, de l’économie et de la gestion.
Paul Vuizet pour Magcentre