Un beau concert a eu lieu ce mardi 18 février 2020, dans un lieu exceptionnel. En effet, le théâtre du Grand Orme, dans la commune du Controis-en-Sologne recevait Alice Julien-Laferrière au violon baroque et Mathilde Vialle à la viole de gambe.
Alice Julien-Laferrière et Mathilde Vialle forment le duo Coloquintes. ©Diego Salamanca
Le lieu est improbable, au milieu des champs, à l’écart de toute agitation urbaine mais mérite de détour. Pour le trouver, il faut un peu se perdre, prendre les bons axes aux ronds-points, faire confiance aux indications et peut-être prendre au pied de la lettre la compagnie qui habite les lieux : la Compagnie du Hasard !
Dès l’entrée, la magie opère. Le théâtre ressemble à tout sauf à un théâtre. L’accueil est convivial et la soirée peut commencer par un verre ou une restauration cuisinée par les propriétaires, à base de produits locaux, bien sûr.
La salle est une ancienne grange aménagée, qui a gardé ses pierres et ses poutres. On s’y sent d’emblée confortable et prêts à accueillir la musique promise par l’affiche alléchante du duo Coloquintes.
Un duo à découvrir
Celui-ci ne se fait pas attendre. Avec naturel et simplicité, Alice Julien-Laferrière et Mathilde Vialle emplissent l’espace, illuminent l’atmosphère de leur présence et surtout saisissent le spectateur par leur musique. Tout est finesse, justesse, connivence et musicalité. La Toccata de Johann Jacob Froberger (1616-1667) annonce de suite une soirée placée sous le signe de la qualité, avant que les suites de Louis Couperin (1626-1661) ou de Jean-Sébastien Bach (1685-1750) ne viennent tenir le spectateur en haleine. Alice présente la musique et les compositeurs, Mathilde présente les instruments ; toutes deux parlent de leur projet inédit.
Une démarche originale
Le concert qu’elles présentent et qu’elles déroulent avec facilité et évidence est en fait le fruit d’un long travail : travail sur le duo qu’elles ont constitué il y a plusieurs années après s’être rencontrées lors de leurs études et fréquentation des mêmes sphères de musique baroque mais aussi travail sur l’interprétation de la musique, avec un retour aux sources de sa pratique au temps de Louis Couperin, Jacques Chambonnières ou Jean-Sébastien Bach.
La démarche est originale. Ces deux musiciennes n’ont pas hésité à transcrire pour violon et viole de gambe des pièces initialement écrites pour clavier. « Parfois, disent-elles, c’est simple : le violon prend la “main droite”, la viole s’empare de la “main gauche”. D’autre fois, c’est plus compliqué et il faut se pencher de près sur la partition, crayon en mains, pour traduire sans trahir. »
Le résultat est très probant : une musique vivante, fidèle à l’esprit de créativité qui régnait au XVIIe siècle. La salle retient son souffle, l’acoustique porte les notes bien au-delà du moment.
Une vraie rencontre
Le spectateur se laisse porter par la musique, par les musiciennes et leurs sourires échangés en harmonie avec les archets véloces et les doigts agiles… Le contact est établi, en résonance avec les grands noms de la musique baroque, connus ou découverts ce soir-là. Les artistes ne sont point avares de leurs connaissances sur la musique, le style, les instruments, l’histoire dont elles font partage avec l’auditoire. Un partage qui se prolonge après le concert, dans des échanges détendus et conviviaux, à l’image des hôtes du Théâtre du Grand Orme qui savent accueillir.
Un nom à retenir
La presse nationale s’est fait l’écho du Duo Coloquintes à plusieurs reprises. En effet, les deux artistes ont à leur actif de nombreux concerts, deux enregistrements de CD (Froberger en 2016 pour le label Son an Ero, et Louis Couperin en février 2020 pour le label Seulétoile), ainsi que la publication d’un conte musical Le violon et l’oiseau, en 2019, label Seulétoile. Plusieurs concerts sont prévus pour la suite de ce joli parcours, notamment au musée de la Magie de Blois en juin 2020.
A suivre, assurément !
Anne-Cécile CHAPUIS