Florent Buisson et Nicolas Da Cunha, tous deux journalistes à la République du Centre ont la bonne idée de nous entrainer dans un voyage au pays des maires. Alors que les élections municipales 2020 sont entrées, un peu partout dans des campagnes plus agitées et discordantes les unes que les autres les deux journalistes nous proposent de découvrir 26 de ces édiles chers au cœur des Français qui, pourtant, tout en les aimant se prennent parfois à leur manquer de respect, à leur imputer tous les maux.
Les auteurs de « Destins de maires » (Editions de Borée) sont allés à la rencontre de ces élus , les préférés des Français. Ils en ont choisi 26 éparpillés sur tout le territoire, ils en ont dressé le portrait, les ont classé par catégorie, aboutissant à un véritable portrait de la France des territoires, urbaine, péri-urbaine et rurale, la France des communes , chacune avec sa personnalité construite sur sa géographie, son histoire et le labeur des hommes et des femmes qui la composent, génération après génération. Avec ses blessures aussi.
Qui mieux que leurs maires pour les présenter et dire comment elles vivent, ce qu’elles sont. A Trèbes, dans l’Aude Eric Menassi a dû gérer un attentat terroriste et une inondation meurtrière : « On a beaucoup parlé de la dignité de la ville de Trèbes, c’est la conséquence de la dignité des familles. Il aurait été simple, et acceptable, de sombrer dans la colère. Eh bien, je n’ai entendu aucune parole de haine, rien ». André Joly, maire de Chambord depuis 2000, se bat pour conserver en vie sa commune qui appartient entièrement à l’Etat et où se rejoue sans fin « la querelle ancestrale des serfs et du seigneur »
Pour les Orléanais, parmi les maires des grandes villes il était difficile de ne pas retenir Jean-Pierre Sueur qui,en tant que secrétaire d’Etat aux Collectivités locales a porté la loi qui instaura l’intercommunalité. Un grand maire bâtisseur qui glisse en confidence, « si Mitterrand était pour l’intercommunalité, il avait une vision charnelle de la France, de ses territoires ». A la tête des villes de plus de 100.000 habitants les femmes sont rares. La première fut Catherine Trautmann en 1989, elle avait 38 ans à qui par misogynie certaines âmes bien intentionnées prêtaient une fausse liaison avec un Turc. Et puis il y a les dynasties comme à Pasilly dans l’Yonne. En 2014, Philippe Lardin a succédé à son père Jacques maire du même Pasilly pendant 49 ans Et que dire du doyen des maires de France, 97 ans, Marcel Berthomé, qui en Gironde à Saint-Seurin- sur- l’Isle repart pour un neuvième mandat.
François Hollande qui ne fut pas que président de la République mais aussi, maire de Tulle en Corrèze, a accepté de préfacer l’ouvrage. Il conclut, « une ville c’est un esprit, il y a une âme dans chaque commune… Une commune c’est un maire. Une femme, un homme qui va pendant toute la durée d’ un mandat personnifier la collectivité, qui va lui donner son visage, sa voix, sa couleur, y compris politique ».
Le livre en apporte la démonstration.
Françoise Cariès
« Destins de Maires »
Florent Buisson, Nicolas Da Cunha
Editions De Borée
208 pages 15 euros
https://boutique.centrefrance.com/de-boree/destins-de-maires-1184