Romorantin-Lanthenay: des candidats sous tension

Le 14 février dernier, le MEDEF 41 recevait les 6 têtes de liste aux Municipales dans la capitale de la Sologne. Après Blois et Vendôme, la tension était palpable entre les deux favoris Jeanny Lorgeoux et Louis de Redon.

Était-ce l’organisation du débat dans le prestigieux restaurant étoilé du Lion d’or  qui a fait monter la pression lors de ce rendez-vous, unique en région Centre Val de Loire , durant lequel les branches professionnelles du MEDEF 41 (Umih, FFB 41, CNPA, UIMM, travaux publics …) interrogent les candidats sur leur programme économique ? toujours est-il que plusieurs passes d’armes ont révélé le lourd contentieux entre le maire sortant et son jeune rival qui l’avait menacé en 2014. (1)

Avant l’intervention des 6 candidats (Jeanny Lorgeoux, sans étiquette, Louis de Redon Modem, Didier Guénin – PS, Alain Retsin – RN, Yvon Chéry Romo Citoyenne – gauche, Raphaël Hougnon -LR), les constats dressés par les branches ont permis de mettre en lumière la situation contrastée de la ville. Si les difficultés de recrutement ou le manque de qualification des demandeurs d’emploi ont été signalés, l‘attractivité du territoire a été mise en cause.

« La fiscalité locale est élevée et pénalisante » a pointé Régis Bonraisin, secrétaire général de l’UIMM Val de Loire tandis que pour Paul Seignolle, président du MEDEF 41 « elle se rapproche dangereusement de celle de Blois avec des conséquences sur les coûts de production et la compétitivité des entreprises ».

Maire de Villeherviers et vice-président de la communauté de communes du Romorantinais et du Monestois, Raphaël Hougnon a centré son propos sur l’attractivité et les conditions nécessaire dans le domaine du numérique, de la santé, du tourisme, des mobilités, du travail du conjoint ou des équipements (base nautique, rénovation de la piscine). Constructif, en matière commerciale, il souhaite une étude de marché sur le bassin de vie pour « qu’il n’y ait plus de guéguerre entre le centre ville et la périphérie ». A la suite de l’extension annoncée du Leclerc, celle-ci vient en effet de se réouvrir.

Jeanny Lorgeoux offensif

« Je connais le monde de l’entreprise où j’ai exercé des fonctions de direction générale ; ce sont elles qui créent la valeur. Depuis mon élection, je m’emploie donc à créer un environnement favorable. Dès 1990, j’ai obtenu de François Mitterrand la création de l’autoroute Tours-Vierzon » : le maire de Romorantin se présente d’emblée comme « maire et chef d’entreprise multidimensionnel ».

Après la fermeture de Matra en 2004, il va contribuer à sauver Caillau du naufrage en rachetant les murs qu’il loue à l’entreprise à des conditions attractives. Le fabricant de ressorts, qui emploie 600 salariés est aujourd’hui en plein boum dans son usine flambant neuve de la zone industrielle de Plaisance.

« Romorantin-Lanthenay n’est pas en panne, la ville est aujourd’hui le plus important pôle de croissance de la région CVL. Et le taux de Contribution foncière des entreprises est plus important sur la communauté de communes du Val de Cher Controis que dans celle du Romorantinais Monestois (NDLR : 24,4 % contre 24,1 %) » J.Lorgeoux va aussi répondre à ses détracteurs et annoncer d’importants investissements comme une station de pompage de l’eau du Cher à Gièvres.

Candidat de gauche (France Insoumise, EELV et Génération.s), Yvon Chéry porte un projet de transition écologique, sociale et citoyenne. « L’emploi se développe mais ne bénéficie pas aux Romorantinais. Il faut agir sur la formation professionnelle et l’insertion des jeunes » a-t-il déclaré en souhaitant l’adhésion au dispositif Territoires Zéro Chômeurs de Longue Durée.

« Nous devons nous appuyer sur nos PME de mécanique et pas seulement sur la logistique ou l’extension des zones commerciales pour créer des emplois. Je veux aider les entreprises dans leur responsabilité sociale et environnementale » a ajouté Yvon Chéry en prônant la création d’une régie municipale agricole.

Celui qui partage la tête de liste avec sa Marianne Coupé n’a pas manqué d’attaquer le maire sur son bilan en particulier sur les résultats de l’action « des 3 salariés de la structure de développement économique ».

Candidat de la gauche socialiste, Didier Guénon n’est pas pour autant éloigné de leurs attentes. Celui qui fut créateur de 3 PME, à la tête d’une ETI de 1200 salariés et vice-président d’un pôle de compétitivité possède une vision précise du développement : « Vous êtes dans la compétition des entreprises, nous sommes dans celle des territoires. Les territoires qui gagnent ont une coloration ».

Et d’affirmer son souhait de s’appuyer sur le pôle aéro-défense porté par le GEAR, l’une des forces du Romorantinais. L’ancien 1er adjoint de Jeanny Lorgeoux souhaite aussi développer le tourisme et les mobilités avec un plan d’ensemble pour mettre en place un réseau de transport avec des navettes et un service à la demande. Il propose enfin l’installation d’un conseil de développement, instance de dialogue pour partager avec les chefs d’entreprise une vision commune du territoire.

Alain Retsin porte les couleurs du Rassemblement national. L’univers de l’entreprise ne lui est pas étranger. Président de la JCE de Romorantin pendant 14 ans, il a notamment créé 5 commerces avant de devenir agent immobilier. Celui qui fut, 8 ans durant, président de l’association des commerçants du Bourgeau ne manque pas d’idées pour relancer le commerce de centre ville : modernisation des marchés avec de l’alimentaire, stationnement gratuit, développement du tourisme avec l’ouverture du château à la visite ou la création d’une base de loisirs. « Il faut développer le sud de la ville car le nord a été favorisé » assure-t-il.

Louis de Redon « politique »

L’intervention de Louis de Redon, avocat et vice-président du conseil départemental va faire monter la tension de plusieurs crans et déclencher l’ire du maire. Répondant point par points aux différentes branches an avançant arguments et propositions, le candidat centriste va pointer le sous-investissement chronique, dénoncer « l’erreur du moratoire sur les travaux » et déclarer vouloir « remettre de l’ordre dans la CAO (NDLR : commission d’appel d’offres) ». Un casus belli pour le maire.

« Face à l’explosion de la dette, je propose une gestion plus moderne qui s’inspire du département » annoncera aussi L.de Redon. Baisse des impôts, zone bleue en centre ville, végétalisation avec un parc par quartier sont quelques-uns des projets du jeune challenger qui compte bien terrasser « le vieux lion de Sologne » au soir du 22 mars prochain.

(1) 323 voix d’écart.

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