Après les télécabines en 2019, voici la nouvelle folie du clan Delord : un dôme équatorial bioclimatique sans équivalence, à 40 millions d’euros, ouvert depuis le 8 février. Un voyage dans la jungle entre Amérique du Sud et Indonésie où il pleut la nuit et où des animaux se prélassent sur des plages chauffées.
2000 arbres et 20 000 petites plantes ont été installés sous le dôme. Des arbres de culture choisis sur place au Pays Bas. ©EB
28°C, 80% d’humidité… Pas la peine de prendre l’avion, c’est comme si vous y étiez ! Sous le tout nouveau dôme équatorial, la jungle est à nos pieds. Et l’effet est waouh ! 1 ha de visite, une verrière de 15 000 m2 et 38 m de haut, 25 000 animaux pour 200 espèces (dont 24 000 poissons et amphibiens)… « C’est le projet d’une vie, des 40 ans du site, une sorte d’accomplissement pour Beauval », explique Delphine Delord, directrice de la communication de cette incontournable machine touristique de 1,6 millions de visiteurs.
Un zoo dans un zoo
Singes écureuils de Colombie. ©EB
C’est aussi et surtout un rêve de gosse. Celui de son frère, Rodolphe Delord, directeur du site. « J’ai imaginé le projet en deux fois deux heures en avion avec l’architecte Daniel Boitte… Un dôme où l’on fait deux fois le tour de l’Équateur. » Le voyage se présente sous forme d’une colline dont ont fait le tour jusqu’au sommet dans un paysage luxuriant, de fougères arborescentes, ficus, bananiers, bambous, palmiers…, de murs végétalisés autour d’une vingtaine d’aquariums et de bassins – dont celui des lamentins reste unique avec la plus grande vitre aquarium de France (23 m, 4 m de haut, 25 cm d’épaisseur) – , mais aussi de rivières, de cascades et d’enclos où divers biotopes ont été reproduits. « C’est presque un zoo dans un zoo ! L’idée est de sensibiliser à la biodiversité et de montrer que les forêts tropicales se ressemblent tout en étant différentes. »
Une gestion du climat au millimètre
Et pour cela, pas moins de 40 M€ ont été investis dans ce dôme bioclimatique qui doit tirer le meilleur parti du site (climat, topographie, etc.) pour assurer les meilleures conditions de vie des animaux et de développement des plantes tout en maîtrisant la dépense d’énergie. D’abord une immense verrière qui capte les rayons du soleil pour chauffer l’espace avec des traitements de verre différents selon l’orientation du vitrage. Mais pas seulement : « Sur le dessus de la structure une station météo va permettre de gérer naturellement le climat à l’intérieur du dôme via un système informatique, explique Gilles Voyti de la société CMF, conceptrice du projet. Pour cela des châssis d’aération spécifiques ont été installés à 360° sur plusieurs étages pour gérer de façon optimum la ventilation des grands volumes d’air et notamment les venturis (déplacements d’air). »
Varan de Komodo (Indonésie). ©EB
S’ajoute enfin, une pluie artificielle chaque nuit avec une gestion du taux d’humidité précise issue de la récupération de l’eau de pluie. Car sous ce dôme équatorial, différents climats tropicaux sont à gérer : humidité et brouillard pour certaines végétations et chaleur pour certaines espèces : « Des lampes UV ont été installées pour les tortues de Madagascar par exemple mais aussi des plages chauffées au sol à 40° avec des radiateurs cachés dans des troncs d’arbre et des rochers pour atteindre les 50° dont ont besoin les varans de Komodo. » Si le site est chauffé les 3/4 de l’année par effet de serre, le complément est apporté par la chaleur que restituent les bassins, par des chaudières alimentées par méthanisation et un peu de gaz naturel.
Au sommet de la canopée, un bar plonge dans une ambiance balinaise et permet d’apprécier au plus près l’impressionnante structure du dôme : « une sensation de projet futuriste du XIXème siècle comme Jules Verne aurait pu l’écrire », souligne Delphine Delord. Quant au retour sur investissement ? « On ne réfléchit pas en rentabilité, répond Delphine Delord. Ce qui nous intéresse c’est de bâtir, comme maman [Françoise Delord, NDLR] qui a construit la première serre avec pas un copeck en poche, mais juste l’envie. On a toujours fait des grands projets ici et le visiteur participe à cette folie, c’est une récompense.»
Estelle Boutheloup