Manon Genest – Photo Libre de Droit
Elle est sélectionnée pour les Jeux Paralympiques 2020 à Tokyo en athlétisme. Elle est originaire du Centre-Val de Loire, c’est une castelroussine. Son avenir semblait tout tracé mais la vie lui réserva une toute autre destinée. Un destin rempli de victoires mais avant tout de courage. Manon a d’abord mené un combat contre elle-même afin d’accepter la paralysie de ses membres gauches.
Après l’accident tragique, c’est les séances de rééducation qui rythment les journées de Manon. Persuadée de retrouver les capacités de son corps, elle se hâte à faire bouger ses doigts avec des séances d’hypnose pour apaiser le choc émotionnel. Finalement, les médecins lui annoncent qu’elle est handicapée à vie. Manon est abasourdie.
Elle livre sans tabou avoir eu une phase d’acceptation du handicap difficile : « je pensais ressortir valide du centre de rééducation, je n’avais pas entendu parler du mot handicap, ou alors c’est moi qui ai simplement fermé les yeux sur ce mot ». Après cela, Manon tient ses proches à l’écart. Elle préfère garder sa souffrance afin de les préserver, « le plus dur, ça a été le regard de mon entourage, tant que je n’étais pas dans un bon état, je ne voulais pas qu’ils me revoient comme ça ».
La découverte de l’handisport
Au centre de rééducation, c’est la rencontre d’une rééducatrice qui plonge Manon dans le monde du handisport. Cette femme perçoit rapidement le potentiel combatif de Manon. Dès lors, la rééducatrice organise un rendez-vous avec son entraîneur. Au premier rendez-vous, Manon dira d’abord à cet entraîneur « mais as-tu vu mon bras ? », la réponse ne se fit pas attendre « et alors? » réplique-t-il. Depuis 2016, Manon enchaîne les succès : Championne de France de Paratriathlon, Championne du Monde Paratriathlon, Championne de France sur 400 mètres et sélectionnée pour les Jeux Paralympiques de 2020. Ces victoires, elle les partage désormais avec sa mère. La mère de Manon, première fan, décrit d’ailleurs le milieu de l’handisport : « c’est un milieu avec des personnes extraordinaires, simples, avenantes, pleines d’humour, c’est un monde à part ! La compétition est réellement vécue autrement ». Les triomphes de Manon ne surprennent pas sa mère : « Manon est une belle étoile, pétillante, qui ne se laisse jamais abattre, toujours prête à rebondir ».
Manon Genest – Photo Libre de Droit
Des souffrances physiques
Manon souffre physiquement. Mais elle est heureuse, car après tous les affres de la vie, elle savoure la vie : « je vis la vie à 300%, je suis en extase devant tout et rien, j’ai l’impression d’avoir quatre ans ». Finalement, la jeune femme garde la même volonté que dans son enfance. Petite fille hyperactive, elle a été initiée dès l’âge de deux ans à la danse moderne jazz mais aussi la natation et au step. Gamine pleine d’énergie, sa mère avoue, amusée, quand elle parle du step « elle y arrivait déjà mieux que nous les adultes! ».
A 14 ans, Manon rêvait de porter le treillis. Elle pousse les portes du très prisé lycée militaire de St Cyr afin d’obtenir un bac scientifique, loin de ses parents mais proche de ses convictions. A 16 ans, c’est le premier accident de vie : Manon est atteinte d’une surdité moyenne. Elle est réformée. Un coup dur, pourtant Manon ne baisse pas les bras car elle considère qu’ « il n’y a pas de hasard dans la vie ». Après son retour dans le civil, elle travaille pour la société Disneyland. Bien décidée à la compter parmi ses recrues, l’usine à rêve la pousse à obtenir un diplôme pour devenir ingénieur santé et sécurité du travail. S’ensuit alors l’accident de voiture à 22 ans qui paralysera ses membres gauches.
Un regard d’autrui difficile encore à accepter
Bien qu’épanouie, le regard d’autrui reste encore difficile à accepter. Difficile de rester en talon mais surtout difficile de vivre pleinement sa féminité. Une robe et une jambe dans une attelle suffisent à éveiller les regards insistants. L’hiver, Manon cache sa main dans ses poches : « c’est mon refuge », confesse-t-elle. Parce qu’elle a à cœur de sensibiliser les gens aux regards qu’ils peuvent avoir envers les personnes handicapés, Manon intervient dans les écoles : «si vous les enfants, vous avez un regard bienveillant envers le handicap, alors on aura tout gagné », tel est le message qu’elle fait passer. Elle raconte d’ailleurs amusée l’une de ces interventions qui a fini par une compétition « les enfants, ils laissent l’handicapée derrière tout, ce qui leur importe c’est de me battre sur des 400 mètres mais c’est comme ça que le contrat est rempli pour moi».
Si Manon a connu, ce qui pourrait être considéré comme étant des coups du destin, elle se décrit comme étant une «véritable chanceuse» car elle prouve chaque jour que «les seules limites qu’on a sont celles que l’on se fixe».
Remerciement à la CASDEN soutien de Manon Genest.
Chenda