Par un gracieux comme lapidaire morceau de belle facture dansante, c’est à dire ce “Menuet de félicitations ” de Beethoven, l’Orchestre d’Orléans ouvre se samedi, au Théâtre d’Orléans, son nouveau programme “Et la lumière fut”. Succède à cette pièce “Les Nuits d’été” de Berlioz avec pour soliste Julie Robard-Gendre, mezzo -soprano . Peu à peu l’osmose entre l’orchestre et l’interprète font que le visage de la soliste nous inonde de lumière et que sa voix nous étreint. Ici le verbe se fait corps et mélodie, parfois soulignés d’un léger geste de la main et de la docile cambrure du poignet qui alerte de toute sa sensibilité.
Bonheur de délivrer de pures émotions
A l’entracte, Julie Robard-Gendre nous parle volontiers de ce chant “Absence”, mélodie particulière de Berlioz adressée à son aimée et dont la mezzo se félicite qu’elle résonne encore. Mais Julie-Robard-Gendre évoque aussi l’étrangeté de ces Nuits d’été, leur alchimie, leur tournure mélodique, cette harmonie non évidente d’une œuvre qui offre une facette , une alchimie du romantisme.
Quant à la direction de
Marius Stieghorst ?
“Tout se déroule le mieux possible. Nous avons travaillé pour savoir où l’on voulait aller, comment respirer, quelle couleur nous voulions donner. Lors du concert Marius est à l’écoute , il nous offre une structure solide et passionnée avec extrêmement de générosité .”
Comment se sent-on à l’issue d’une telle émouvante prestation? Julie Robard-Gendre : “Je ne peux être que remplie d’un moment de partage qui me fait du bien. En tant qu’artiste, je suis sans cesse traversée de doutes, mais là je reviens à mes premiers élans, je suis dans mon élément et retrouve, comme à mes débuts, le désir de délivrer mes émotions sans filtre”.
En seconde partie de concert, l’Orchestre d’Orléans interprète la Cinquième Symphonie, de Beethoven , œuvre monumentale dont le chef et son orchestre offrent une interprétation somptueuse, apprivoisée et domptée de bout en bout. C’est éclatant, rondement mené, parfois d’une profondeur minimaliste et toujours inspiré. Ici, voici un feu de cordes qui a du cuivre, et un feu de cuivre qui a le tramé des cordes. Tous les pupitres sont au diapason, notamment une petite harmonie qui pousse le public à multiplier les rappels.
Jean-Dominique Burtin.