Avant la session du 13 février, l’opposition au conseil régional se veut constructive pour l’avenir à long terme du Centre Val de Loire. Par la voix de son président, Guillaume Peltier, le groupe s’attardera sur 4 thèmes précis, et ajoutera un vœu sur la laïcité.
“Si ce que nous proposons jeudi prochain n’est pas réalisé par la majorité actuelle, nous le ferons dans 14 mois“, assène Guillaume Peltier, chef de file de l’opposition au sein du Conseil régional présidé par le socialiste François Bonneau. Sourire aux lèvres, l’élu du Loir et Cher, entouré de la plupart de ses colistiers, ne répétera pas cette formule, mais elle a bien été comprise par tous, et les quatre sujets principaux abordés ce jeudi 6 février pourraient presque être assimilés à un début de campagne électorale. Mais ce serait certainement exagéré.
Fort d’une étude démontrant, chiffres à l’appui, que son groupe est celui de l’opposition la plus constructive et la plus dynamique en force de proposition de toutes les oppositions régionales, il tenait ainsi à présenter les 4 thèmes qui motiveront ses interventions prochainement : le numérique, la formation professionnelle, le tourisme et la santé, auxquelles s’ajoutera un vœu concernant la laïcité. 4 domaines de compétence de la région qui justifient des propositions “allant toujours dans le sens de la défense des territoires, de leur diversité et de leurs spécificités“.
4 domaines prioritaires
Numérique – Constatant la disparité de la couverture numérique, l’opposition régionale souhaite que la région soit ferme avec les opérateurs. “Nous souhaitons que la région accueille chaque année une conférence annuelle pour faire le point sur la fracture numérique dans les territoires. Et, si certains trichent, à l’horizon 2022, les contrats ne seront pas renouvelés“. En matière économique, tout en défendant la libre concurrence, l’opposition affirme ainsi être “contre la loi de la jungle, dans l’intérêt général“.
Orientation professionnelle – “Le système scolaire est déconnecté du monde de l’entreprise“. L’analyse n’est pas nouvelle, mais la revendication perdure pour que la formation des jeunes soit plus adaptée aux besoins des entreprises. “Il y a de plus en plus d’entreprises en recherche de personnel qui n’en trouvent pas, faute de volontaire ou de main d’œuvre qualifié”. La formation devrait donc être mieux adaptée, et les salaires revus à la hausse, pour être mieux différenciés de “l’assistanat“, comprenez les allocations chômage.
Tourisme – “Nous avons essuyé nombre de quolibets quand nous avons proposé, voilà 2 ans, de célébrer les 500 ans de la Renaissance, de la construction du Château de Chambord, et de la mort de Léonard de Vinci. Et vous avez vu le résultat“. Aussi, pour surfer sur cette réussite, qui n’a pas profité qu’au seul Loir et Cher, mais à la région toute entière, l’idée de l’opposition est de poursuivre sur la lancée avec une grande idée planétaire. “La région Centre Val de Loire vient de montrer que nous étions le cœur historique de la France. Alors, pourquoi ne pas être à l’origine d’un grand mouvement de jumelage avec tous les cœur historiques du monde. Par exemple, la Toscane en Italie, le Péloponnèse en Grèce ou Saint-Pétersbourg en Russie. Et nous deviendrions ainsi le cœur historique d’un mouvement mondial“. Et, si l’on veut parler chiffre, “sachez que tout jumelage rapporte plus qu’il ne coûte”.
Santé – Là est le point le plus important, pour l’opposition, avec une proposition osée, mais conforme à ses positions régulière. “L’Agence régionale de santé ne doit plus être dirigée par des technocrates, mais par des élus. Le président et le directeur général doivent être des représentants de la population“. Comme cela se fait dans les conseils d’administrations des hôpitaux, par exemple. En fait, retirer la mainmise de l’Etat sur la nomination des responsables, et sur les décisions. “Les besoins de santé ne sont pas les mêmes à Bourges qu’à Tours, à Chartres qu’à La Ferté St Aubin, etc“. Et, dans un autre ordre d’idée, “tout en respectant leur liberté d’exercer“, l’opposition propose que les jeunes médecins s’installent obligatoirement dans les territoires pendant une période de deux ou trois ans pour être conventionnés.
Un vœu en devise
Enfin, outre ces 4 propositions, ou plutôt contre-propositions, l’opposition régionale, dans la foulée de la Charte de la laïcité adoptée l’an passé, souhaite que la devise de la France soit désormais “liberté, égalité, fraternité, laïcité” pour ancrer cette dernière valeur dans la constitution. Et, pourquoi pas, d’inscrire une heure de cours sur la laïcité dans les lycées généraux et professionnels. “Nous sommes atterrés quand nous découvrons dans une étude sérieuse que dans les LEP, 30% des élèves considèrent que la loi de Dieu est supérieure à la loi de la République“.
Voilà qui porte effectivement à réfléchir. Et même s’il parait prématuré d’imaginer que le terme laïcité apparaisse un jour sur les frontons de toutes les mairies, ce que la Révolution française n’a pas osé faire, on peut souhaiter à l’opposition que ce vœu ne soit pas pour autant qu’un vœu pieux.
Jean-Luc Bouland