Protection de l’enfance : le Loiret délaissé

Le Loiret ne fera pas partie des 30 premiers départements bénéficiaires de la Stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance. Une déception qu’affiche son président, Marc Gaudet, qui promet néanmoins d’améliorer et de simplifier la prise en charge des enfants, récemment dénoncée par les professionnels eux-mêmes.

Marc Gaudet, président du Conseil départemental et Alexandrine Leclerc, vice-présidente en charge de la commission de l’enfance, des personnes âgées et du handicap, présentent les perspectives de protection de l’enfance pour 2020. @Elodie Cerqueira

Le Conseil départemental du Loiret l’assure : la protection de l’enfance est l’une de ses principales préoccupations. D’ailleurs, il avait fait acte de candidature pour participer à la Stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance du Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, Adrien Taquet.

Hélas, point de Loiret parmi 30 départements (sur 62 départements candidats) qui vont finalement participer à la première vague de contractualisation et se partager quelque 80 millions d’euros. Le verdict est tombé le mercredi 3 février.

Et dès le lendemain, Marc Gaudet, président du conseil départemental, et Alexandrine Leclerc, vice-présidente en charge de la commission de l’enfance, des personnes âgées et du handicap, ont voulu rassurer : le Loiret va tout de même améliorer ses dispositifs de protection de l’enfance. Et, qui sait, peut-être fera-t-il partie des prochains bénéficiaires du plan Taquet, dont la liste sera annoncée cet été.

Une situation préoccupante

Pour l’heure, donc, « il s’agit de coller à la stratégie nationale »… sans en faire partie. Car, après un séminaire sur les enjeux de la protection de l’enfance en septembre 2019, une lettre ouverte des professionnels du secteur en décembre et des commissions rassemblant élus et personnels en janvier 2020, la situation est apparue préoccupante.

Le Conseil départemental fait lui-même ce diagnostic : « Dans un contexte de crise où les difficultés sociales touchent un nombre croissant de Loirétains, la protection des enfants et l’accompagnement des familles prennent une importance accrue. » Sans compter qu’en novembre 2019, le nombre de mineurs confiés à l’aide sociale à l’enfance du département a atteint 1475 contre 1076 fin 2016 (+ 37 %). Et que les informations préoccupantes à propos des mineurs sont aussi en hausse : 1772 en 2019.

Un effort est en cours pour améliorer la capacité d’accueil de la Maisons de l’enfance d’Orléans, qui est passée de 42 à 60 places. Par ailleurs, 50 places au centre d’action médico-sociale précoce de Pithiviers ont été créées et un pôle ressource handicap en collaboration avec la CAF et l’ARS a vu le jour pour accueillir des enfants de moins de six ans. Mais pour Alexandrine Leclerc, l’accent porte surtout sur l’amélioration de la prise en charge des enfants et ce qui peut être réalisé en termes de prévention.

Conserver le lien parents/enfants

Protection de l’enfance : prévenir plutôt que guérir. Crédit photo D. Chauveau – Département du Loiret

L’idée est d’agir en amont, au domicile des familles, de les accompagner pour conserver le lien parents/enfants et éviter le placement. Ainsi, un référent unique pourrait, à l’avenir, prendre en charge la situation globale de la famille pour assurer une stabilité. Dans cette lignée, la PMI (protection maternelle et infantile) deviendrait un « service de prévention universel », selon Alexandrine Leclerc. Et d’ajouter son choix « de prioriser ses missions sur des interventions précoces pour étayer la relation parent/enfant ». Elle mise sur la parentalité, l’accompagnement de la grossesse et les premiers jours, premières semaines du nourrisson.

Malgré les 47 millions d’euros consacrés en 2020 à l’enfance et à la famille par le département, les services de protection de l’enfance ne sont pas en mesure, aujourd’hui, de prendre en charge, notamment, les jeunes en situation extrême, ballottés d’un service à un autre. Le département souhaite créer pour eux une structure habilitée avec l’ARS (Agence régionale de santé) et la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse). Un projet d’un million d’euros à raison de 350 000 euros par partenaire.

Alexandrine Leclerc, enthousiaste, précise que ce projet reste en suspens puisque l’ARS ne semble pas encline à investir une telle somme. Interrogés par Magcentre, les services de l’ARS précisent que « l’accompagnement des jeunes présentant des troubles du comportement générant des ruptures de parcours, est au cœur de (ses) préoccupations » et que « l’ARS apportera son appui en fonction de son champ de compétences ». Au Conseil départemental, on croise les doigts.

Elodie Cerqueira

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