Dans les nouveaux locaux de la Chambre de commerce et d’industrie Citévolia, du quartier Interives à Fleury-les-Aubrais, avait lieu une rencontre, jeudi soir 30 janvier, organisée par la fondation « J’m mon enfant différent » . C’est son président fondateur, personnage haut en couleur et vêtu de blanc, Alex Vagner, qui présidait la réunion où une quarantaine de personnes étaient présentes.
Parmi les participants, on a pu remarquer la présence de quelques personnalités politiques locales tels que le sénateur Jean Pierre Sueur, la candidate PS à la mairie de Fleury les Aubrais, Carole Canette, et l’ancien maire-adjoint à l’éducation d’Orléans, Florent Montillot. Le public était essentiellement constitué de représentants d’associations dédiées au handicap et de parents d’enfants « différents » venus témoigner de leurs difficultés. Le thème déclaré était : « Education, inclusion, on doit avancer ! ».
La soirée débuta par la rediffusion, un peu hors sujet, d’une émission de TF1 sur le suicide d’une jeune fille harcelée à l’école Il est vrai qu’un invité, Pierre Gabert, inspecteur IEN-ASH1 d’Orléans était assis au premier rang. Beaucoup plus instructif fut le documentaire conçu par Alexandre Moix. Ce dernier a suivi en Nouvelle Zélande, Christophe Villemain, maire de la petite commune de Mosmes (37), et qui souhaite fonder une école inclusive sur sa commune (voir Magcentre).
Si en matière d’enseignement, la France est la championne toutes catégories des réformes, la Nouvelle Zélande a depuis longtemps basé son système scolaire sur les besoins, les talents et le bien-être des enfants. L’école de Nouvelle Zélande inclut donc, depuis de très nombreuses années, enfants ordinaires et enfants ayant des handicaps de toutes sortes. Le maire de Mosnes a fait ce long voyage pour s’en inspirer…
Après ces deux films, il y eut le témoignage attachant d’un jeune de 17 ans, handicapé par des troubles de l’attention ayant entraîné sa déscolarisation. Aujourd’hui, il s’épanouit enfin par la pratique intensive de l’aviron entouré par un entraineur particulièrement compétant et bienveillant. Enfin, une jeune maman d’une enfant atteinte de dyspraxie2, nous fit le récit de tous les obstacles rencontrés et de l’énergie dépensée pour que sa fille puisse avoir une scolarité adaptée à ses difficultés. Elle nous décrit avec dignité son combat contre la complexité administrative, sa lutte vis à vis de la malveillance de certains enseignants, refusant de mettre en place les réglementations pourtant obligées par la loi.
Le témoignage technique, sans langue de bois, de l’inspecteur Gabert, qui suivit, nous éclaira sur la « marge de progrès importante pour certaines équipes d’enseignants »… Les parents dans la salle dénoncèrent alors toutes les carences et anomalies qui aggravent leur souffrance : En particulier la pénurie chronique et désespérante d’orthophonistes et de AESH3. En 2014, il y avait 800 demandes d’AESH, aujourd’hui elles ont doublé. La commission de la MDPH4 est trop souvent vécue par les familles comme un tribunal déshumanisé et brutal alors qu’elle est normalement réunie pour faire reconnaître les droits à l’autonomie des personnes handicapées.
Au delà de la nécessité d’une authentique volonté politique d’inclusion, ces parents espèrent que la population, les enseignants, les collectivités apprennent à ne pas discriminer la différence. Des propositions ont été faites : Simplifier les dossiers MDPH – Former prioritairement les enseignants à l’accueil de l’handicap – Avoir une politique volontariste d’embauche des AESH – Changer le regard collectif vis à vis du handicap mental (http://www.magcentre.fr/185385-le-handicap-constat-et-propositions/). Pour que l’inclusion réussisse, il faut d’abord que l’exclusion cesse.
En fin de soirée, le sénateur Jean Pierre Sueur a promis d’adresser personnellement une question sur ce sujet à la ministre de la santé. Le fondateur de « J’m mon enfant différent », A. Vagner, a déclaré qu’il se battrait pour qu’un centre scolaire inclusif, tel que celui présenté dans le film d’Alexandre Moix, puisse se mette en place sur la métropole orléanaise dans les prochaines années…
Les parents d’enfant ayant un handicap vivent actuellement une double peine : celle d’avoir un enfant en grande difficulté et à l’avenir dramatiquement incertain et celle de subir les entraves administratives, les incompréhensions voire l’hostilité du monde de l’éducation. Que les parents d’enfant ordinaire n’y ajoutent pas l’indifférence…
Dr Jean Paul Birand
.1. IEN-ASH : inspecteur de l’Education nationale chargé de l’adaptation scolaire et de la scolarisation des élèves handicapés
2. Dyspraxie : la dyspraxie est un trouble du développement moteur qui touche la planification, la réalisation, la coordination et l’automatisation des gestes volontaires. C’est un déficit de l’attention, avec impulsivité, hyperactivité associés à des degrés divers entraînant une altération du fonctionnement social, scolaire et de la qualité de vie
3. AESH : Accompagnant d’enfant en situation d’handicap.
4. MDPH : Maison départementale des personnes handicapées.
https://www.facebook.com/jaimemonenfantdifferent/