Syngué Sabour Pierre de Patience
Je n’ai pas lu le livre (prix Goncourt 2008) mais l’adaptation cinématographique faite par son auteur (Atiq Rahimi) m’est apparue bien décevante: à vouloir trop prouver, le film tombe dans un pathos unanimiste sur le sort de la femme afghane, dans ce récit à la première personne (joué remarquablement par Golshifte Farahani). Est-ce le résultat d’une production internationale (scénario Jean Claude Carrière, équipe technique française et allemande, co-production allemande en partie tournée au Maroc etc..) qui donne à ce film ce manque singulier de sincérité ? La lumière est trop belle, et à quoi servent ces images tournées du plafond si ce n’est à signifier l’artifice de la mise en scène ?
Et puis cette fin improbable nous laisse incrédule devant ce récit par trop théâtralisé: à force de simplifications scénaristiques, le film s’enlise dans un “Faites l’amour, pas la guerre” ou “l’éducation amoureuse des hommes comme moyen de combattre le fanatisme guerrier”…
Dans une interview, le réalisateur se revendique de l’héritage du néoréalisme italien, mais en dépit la similitude des images entre Berlin et Kaboul en ruines, on est très loin du Rosselini d'”Allemagne, année Zéro”, et en tout cas, loin d’un véritable cinéma afghan plus proche des réalités de ce pays dévasté par la guerre…
Gérard Poitou
Syngué Sabour d’Atiq Rahimi 1 h 42
Bande annonce: http://videos.arte.tv/fr/videos/syngue-sabour-un-film-d-amour–7339266.html