SOLI #1: Qui a tué mon père

Ce troisième solo des Soli du CDN d’Orléans, donné ce jeudi soir devant une salle Barrault comble, s’empare du texte d’Edouard Louis, “Qui a tué mon père” dans une adaptation et interprétation scènique éblouissante de Stanislas Nordey qui passe au prisme du théâtre cette description d’une intimité familiale entrelacée avec une analyse sociétale dans un intense corps à corps verbal avec l’image du père.

Qui a tué mon père

Analyse concrète d’une situation concrète, comme chantait Colette Magny, le récit analytique d’Edouard Louis se déploie en trois tableaux pour ce monologue qui nous tient du premier au dernier mot* par ce décryptage de l’aliènation idéologique et sociale d’une condition que l’on ne qualifie plus “d’ouvrière” . C’est d’abord, entouré de mannequins, fantômes de corps fatigués, que le texte dans ses souvenirs familiaux décrit les stéréotypes qui conditionnent la vie du père, sa construction d’un jugement social de la masculinité et donc d’une homophobie instituée en loi morale et donc sociale. Puis, seul devant le rideau noir, la vie familiale est verbalisée dans ses rapports de pouvoir, dans son système clos de conflits intimes surdéterminés par un extérieur social. Car ce qui fait la force de ce texte dans son exécution théâtrale incandescente, c’est sa capacité à toujours nouer l’intime le plus personnel du souvenir familial à la violence sociale dans laquelle cette intimité s’inscrit.

Le troisième volet

Et le troisième volet de ce triptyque vient incarner cette violence dans le corps même du père porté par le récitant comme une piéta: à la suite d’un accident du travail le rendant infirme, l’homme dictant ses certitudes devient lui même victime, non pas d’une fatalité, mais bien d’un système d’aliénation dont les coupables politiques sont nommés sur scène. Car l’aliénation est le fait d’hommes et de femmes qui portent et imposent des choix politiques concrets, et c’est cette vérité qui conditionne le dernier mot du texte: “révolution”.

GP

*Malgré, encore une fois cet usage inutile et stérile d’un microcasque qui transforme l’espace scénique en pièce radiophonique…

Qui a tué mon père

Avec Stanislas Nordey
Texte Édouard Louis
Mise en scène Stanislas Nordey

http://cdn-orleans.com/

 

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