Comme chaque année la ville d’Orléans nous propose de fêter le Nouvel an chinois par une quinzaine de jours de manifestations diverses pour nous permettre de découvrir ce beau pays qu’est la Chine “Populaire” et sa ville jumelle Yangzhou.
Yangzhou : dans un beau restaurant j’ai appris à faire du riz sauté avec un chef (Martine Grivot Facebook)
Et pour l’occasion la ville nous offre et finance un bric-à-brac de manifestations, défilés, dégustations, démonstrations et conférences avec comme objectif de “permettre aux Orléanais de mieux connaître la culture chinoise”. On en peut qu’adhérer à cette volonté de découvrir une civilisation si longtemps méprisée par les occidentaux, et les Orléanais peuvent être fiers d’avoir une adjointe aux affaires internationales qui sait cuisiner le riz cantonais, contribuant ainsi à l’amitié entre les peuples. Mais pour connaître la Chine contemporaine ne serait-il pas aussi intéressant pour les Orléanais de comprendre l’enjeu des événements de Hong Kong ou des dernières élections présidentielles de Taïwan ? Les Orléanais, comme l’Iranien de la rue, n’ont-ils pas droit à certaines vérités ?
Pourtant les sujets ne manquent pas pour interroger les réalités de la puissance chinoise, et sauf à considérer que seule sa réussite économique justifie notre intérêt pour ce pays, il disparaît honteusement dans cette proposition municipale, bien des aspects de la vie politique chinoise. Pourquoi par exemple ne pas nous expliquer comment fonctionne la dictature du parti unique chinois, pourquoi le président XI Jinping est-il élu à vie, ou comment est nommé le maire Yangzhou ?
Le président à vie de la Chine populaire, Xi Jinping (Arte capture d’écran)
A ces quelques questions, on peut en ajouter bien d’autres comme la mort du prix Nobel chinois Liu Xiaobo en prison, la situation des minorités tibétaines et Ouïgour, l’état de la presse chinoise classée par Reporter sans Frontière 177ième sur 180 pays juste devant la Corée du Nord, la disparition dans l’histoire officielle du pays du massacre des étudiants de la place Tien Anmen ou l’hallucinant développement de la surveillance de la population par la reconnaissance faciale numérique généralisée.
Et il ne manque pas de témoins, de journalistes, d’historiens et de conférenciers pour traiter de ces sujets si le service culture de la ville d’Orléans voulait s’en donner la peine…
Le contrôle de l’information encore durci
En s’appuyant sur l’utilisation massive des nouvelles technologies, le président Xi Jinping a réussi à imposer un modèle de société basé sur le contrôle de l’information et la surveillance des citoyens. Hors de ses frontières, Pékin cherche à promouvoir ce modèle répressif et à instaurer un “nouvel ordre médiatique mondial” sous son influence. Les médias publics et privés chinois sont placés sous un contrôle étroit du Parti communiste, alors que l’administration multiplie les obstacles au travail de terrain des correspondants étrangers. Plus de 60 journalistes et blogueurs sont toujours derrière les barreaux, dans des conditions qui laissent craindre pour leur vie. […]
Avec le durcissement de la réglementation concernant internet, un simple citoyen risque désormais la prison pour avoir partagé ou commenté des informations sur les réseaux sociaux ou une messagerie privée.
Rapport RSF 2019
Evidemment toutes ces questions ne plaisent pas au pouvoir chinois, mais est-il acceptable que depuis cinq ans la ville d’Orléans censure systématiquement ces questions dans cette soi-disante découverte de la Chine? Et quelle indignité de nos élu(e)s de se plier à ces exigences pour un mercantilisme aussi servile !
GP