C’est un livre d’art consacré aux sculptures de Claire Boris particulièrement réussi qui vient d’être publié aux éditions Daniel Plot avec une préface de René Hesse- Geay. C’est à Orléans, à bord du bateau L’Inexplosible que, ce mercredi, la créatrice l’a présenté et dédicacé .
Au fil de cent-soixante pages , on y découvre le passionnant parcours d’une artiste loirétaine nous invitant à découvrir son “petit monde“, essentiellement ces sculptures en ciment. L’un des secrets de ses gestes ? “J’ai l’attitude dans ma tête et je vais la créer en volume. Je vois la sculpture et je vais la transcrire”.
Pureté contagieuse, fraîcheur de l’expression
Parmi ces belles silhouettes d’êtres, figurent ce promeneur solitaire, ce lecteur , ou bien encore ce passant à la gare de Saint-Amour. De quelques lignes Natacha Garange, l’un des auteurs invités aux côtés d’Alain Le Gallo et d’Abel Moittié, décrit avec justesse cette belle présence: “Une pureté contagieuse. On est dans le vrai de l’enfance qui ne cherche rien d’autre qu’à exprimer ce qui est, sans détour”.
L’intérêt de cet ouvrage richement illustré est aussi de nous révéler les différentes étapes et axes de création de l’artiste dont on retrouve, ainsi, la série poteries des années 1978-1980 aux délicieux visages figuratifs de femme aux paupières colombes et de jeune homme. A contempler encore ces terres cuites de la période 1987-1991 . Claire Boris: “Ces petites terres sont pour moi ce carnet de croquis au travers duquel s’exprime la spontanéité des formes, le plaisir de la matière et les premiers contact avec mes personnages”. A voir également les corps de ciment enduit de blanc, les installations contemporaines de “formes passives” ou encore ce bestiaire de ciment de l’époque 1992-1995. Claire Boris, à nouveau: “Conserver la fraîcheur de l’expression, une bonhommie un peu fragile, est un des principaux enjeux de mes sculptures en ciment qui doivent s’imposer au-delà de la matière”.
Poésie des attitudes, théâtre de la vie
Personnages coiffés de chapeaux (chapeau qui devient la signature de l’artiste en 2008) , touches d’humour, poésie des attitudes mais aussi croquis enlevés (accordéoniste, jongleur, violoniste), figurent dans cet ouvrage où l’on peut également trouver les lignes d’un chant poétique d’Abel Moittié se concluant ainsi: “Claire, vraiment, cet univers imaginaire dans lequel s’équilibrent force et fragilité, rudesse et douceur, difformité et beauté, cet univers est bien l’oeuvre d’une artiste accomplie qui sait user joliment et délicatement de l’écriture inédite et novatrice qu’elle a inventée pour s’exprimer.”
Aujourd’hui, force est de reconnaître que cette foule de passants, joyeux ou mélancoliques, seuls ou tendrement serrés l’un contre l’autre, est telle un peuple de personnages, celui du théâtre de la vie se jouant non sur une scène mais, cette fois, pour cet instant précis, sur la palette d’un bel ouvrage qui nous présente une œuvre longue et ouverte. Place , ici, au regard à la fois puissant et pudique sur les coulisses d’une création de figures anonymes cependant si familières. Chers compagnons de route en somme.
Jean-Dominique Burtin.
“Claire Boris, sculptures”,
Daniel Plot Editions. 160 pages. 30€.
www.claireboris.com
Prochaine exposition de l’artiste : Salon international d’art contemporain, Parc des expositions , Porte de Versailles, Paris, du 31 janvier au 2 février 2020.