« La dispute » ou le regard acerbe des enfants sur le monde des adultes

Le spectacle de Mohamed El Khatib au CDN  d’Orléans nous rappelle que les enfants ont une vision claire et critique de la vie de leurs parents.

Bien sûr il y a des couples parfaits qui filent le parfait amour sans jamais élever la voix. Il y a aussi les autres chez qui les conflits parfois larvés parfois violents empoisonnent le quotidien. Et puis il y a ceux qui se déchirent, s’insultent et se méprisent après pourtant avoir fait le choix de coproduire des enfants. C’est ce dernier groupe qui fait le matériau de « la dispute », la dernière création de Mohamed El Khatib présenté au CDN.

Puiser dans le réel

Originaire de la région le metteur en scène nous avait déjà bouleversé avec « Finir en beauté », sur la mort de sa mère au CHRO ou encore « C’est la vie ». En puisant dans le réel souvent le plus intime ou le plus douloureux Mohamed El Khatib sait nous toucher en explorant nos consciences et nos pratiques, nos douleurs ou nos faiblesses mais sans jamais virer au pathétique. Cette fois il interroge sur la séparation des couples à travers le regard pertinent et parfois acerbe d’enfants objets ou victimes de ces disputes. Avec de jeunes acteurs âgés de 9 ans jouant sur une scène de Légos ou par des témoignages préenregistrés il nous livre des témoignages souvent drôles et pertinents sur ces disputes conjugales préludes à des séparations ou des ruptures amoureuses.  Parce qu’ils vivent ces crises de l’intérieur ces enfants nous touchent et nous questionnent par leur authenticité avec des phrases directes, sans retenue ni pudeur excessive, avec humour et toujours avec émotion.

Une vision décomplexée

La mise en scène aurait pu être pleurnicharde en nous faisant verser une larme sur le sort des enfants victimes des adultes en crise. Mais rien de tout cela. Ces enfants bien à l’aise sur scène nous renvoient finalement à nos propres vies avec une vision décomplexée de ces ruptures à travers 100 questions directes qui nous interrogent, nous dérangent parfois et nous souvent inquiètent. Loin d’être un spectacle pour enfants, ce qui aurait très bien pu se concevoir, « la dispute » est finalement un formidable et universel questionnement sur nos faiblesses.

J.-J.T.