A la suite de notre article sur les municipales à Romorantin décrivant la revanche entre le maire actuel, Jeanny Lorgeoux, et son challenger Louis de Redon alors que 323 voix avaient séparé les deux hommes en 2014, nous ouvrons le d&bat avec une interview de Louis de Redon
Mag Centre. Pouvez-vous vous présenter ?
Louis de Redon. J’ai 38 ans ; je suis marié, père d’une fillette de 5 ans et conseiller municipal d’opposition à Romorantin depuis 2014. En 2015, j’ai été élu conseiller départemental ; depuis lors, je travaille aux côtés de Nicolas Perruchot en tant que vice-président en charge de l’environnement. Je connais particulièrement ce domaine car je suis enseignant-chercheur et avocat spécialisé en droit de l’environnement. D’abord ingénieur agronome (AgroParisTech) puis avocat, je me suis engagée en politique à l’âge de 18 ans en rejoignant le parti démocrate chrétien de l’UDF. Je porte les idées centristes et européennes au sein du Modem représentées en Loir-et-Cher par les ministres Jacqueline Gourault et Marc Fesneau. J’ajoute que je tiens à garder une activité car je souhaite éviter l’écueil de la professionnalisation.
Mag Centre. La campagne est très tendue. Comment voyez-vous cette élection ?
Louis de Redon. Je suis un outsider. Après 35 ans de mandat, Jeanny Lorgeoux reste favori. Je respecte ses qualités, son travail. Contrairement à certains, je ne veux pas sombrer dans le “Lorgeoux bashing”. Il reste que cette municipalité est à bout de souffle, sans projet. Ma liste sans étiquette, et intégrant des personnes de toutes les sensibilités, mène une campagne de terrain basée sur un programme concret en s’appuyant sur des valeurs humanistes et républicaines. Je condamne donc la violence verbale et le climat délétère de la campagne. Quand je pose une question de plus de 5 minutes au conseil, on envoie presque la police …
Mag Centre. Sur le fond, quel est votre diagnostic. L’activité et emploi semblent rebondir ?
Louis de Redon. La ville s’est paupérisée. Les emplois créés sont précaires peu qualifiés. Nous manquons de cadres. Le sujet est comment rendre notre territoire attractif, comment recréer une dynamique que l’on constate par exemple à Vendôme avec l’arrivée de Vuitton ? Pour cela, il faut construire une intercommunalité de projet. Jeanny Lorgeoux n’a jamais cru à l’interco et la communauté de communes du Romorantinais et du Monestois est une coquille vide à la main de son président. Elle n’a même pas de locaux. Bâtir une communauté d’agglomération nous permettrait de tracer un cap, créer des emplois, réaliser la transition environnementale et mettre en place de nouvelles mobilités qui sont absolument nécessaires dans un territoire rural comme le nôtre.
Mag Centre. Comment et avec qui construire cette nouvelle communauté ?
Louis de Redon. 3 conditions sont nécessaires. Un bassin de vie lisible, une adhésion des élus et un projet de territoire. Il faudra donc voir ce qui sortira des urnes le 22 mars prochain. 2 options sont envisageables avec la communauté de communes du Val de Cher Controis (CCVDCC) et celles de la Sologne des rivières et/ou du Cœur de Sologne. La 1ère a montré un vrai dynamisme économique porté par l’agroalimentaire et Beauval, la seconde représente notre bassin de vie naturel. Il faudra en tout cas discuter mais je suis certain que Jean-Luc Brault (NDLR : président de la CCRVDCC) ou Pascal Bioulac (président de Cœur de Sologne) feraient d’excellents présidents. Ce qui est certain, c’est que je souhaite mettre fin au cumul des mandats. Elu, je ne serais ni président de l’interco ni président de l’hôpital. Les baronnies, ça suffit ! je serai maire de Romo à 100 %.
Mag Centre. Un mot sur votre programme …
Louis de Redon. Nous le présenterons en détail en février prochain. 3 axes majeurs le constituent : le développement économique et l’emploi, la santé et le cadre de vie-développement durable. En matière médicale, nous devrons agir contre la désertification médicale (+ de 50 % des médecins ont plus de 60 ans). Je rappelle que notre hôpital a failli fermer. Sur le sujet crucial du développement durable, il faudra se saisir de la question des transports en commun avec pourquoi pas des navettes électriques. Nous souhaitons aussi créer des zones naturelles en ville avec un parc urbain par quartier mais aussi rénover nos écoles qui sont de véritables passoires thermiques. Romorantin-Lanthenay, au cœur de la plus grande zone Natura 2000 d’Europe, à moins de 2 heures de Paris doit devenir exemplaire. Notre ambition est de créer « une ville à la campagne et une campagne à la ville » où il fait bon vivre ensemble et travailler.
Propos recueillis par Jean-Luc Vezon