Face aux enjeux environnementaux actuels et à venir, le Département du Loiret vient de planter de nouvelles essences d’arbres plus résistantes aux changements climatiques sur une parcelle du parc départemental de Limère à Ardon. Une initiative proposée par l’INRA, en collaboration avec l’ONF, pour sensibiliser le public aux défis de demain.
Le parc départemental de Limère à Ardon est labélisé Espace naturel sensible (ENS). © Dominique Chauveau / CD45
À quoi ressembleront nos forêts dans 50 ans ? Canicules et sécheresses à répétition, apparition de nouveaux parasites, développement de maladies… Les arbres de nos forêts sont plus que jamais fragilisés quand d’autres n’y résistent pas. « Nous n’aurons plus ce faciès là : dans 50 ans les bouleaux auront disparu par exemple », lance Marc Villar, directeur de recherches à l’INRA, sur le chemin d’entrée du parc départemental des Dolines de Limère à Ardon. Nous allons vers une disparition progressive programmée à laquelle il va falloir s’habituer. Nous, nous souhaitons accélérer volontairement le changement de végétation pour préparer l’avenir ».
Ainsi, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a proposé au Département du Loiret, en collaboration avec l’ONF, de réaliser un petit arboretum sur une parcelle de 3000 m2. Son but ? Sensibiliser le public sur des essences forestières plus résistantes aux changements climatiques. 20 arbres, dont les espèces ont été choisies en concertation avec l’INRA et l’ONF et avec l’aval du Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien (CBNBP), ont ainsi été plantés sur 3 zones distinguant chênes, résineux et érables : « Nous avons fait le pari de nouvelles esssences comme l’érable de Montpellier, l’érable champêtre, l’arbousier ou encore le cèdre de l’Atlas, énumère Marc Villar. Des essences acclimatées et adaptées au climat chaud et sec de Méditerranée ». Un choix qui s’est appuyé sur un compromis « car l’objectif d’un Espace naturel sensible comme ce parc est d’avoir des espèces locales comme le chêne vert, le chêne sessile ou encore le chêne pubescent », précise Nicolas Chevalier, chargé de mission au service Environnement du Conseil départemental du Loiret.
Des expériences pour sauver les forêts
Des essences de Méditerranée plus résistantes ont été plantées aux côtés d’essences locales. © Dominique Chauveau / CD45
Situé à l’entrée du parc de Limère, cet arboretum prévoit un chemin éducatif et de sensibilisation à l’environnement avec des panneaux explicatifs et un atelier des sens. « Il faut montrer aux visiteurs que la forêt va évoluer dans les années à venir et que des arbres vont mourir, souligne Maryline Hureau, technicienne environnement au Département. Sur le site, beaucoup de pins et de sapins sont déjà morts suite aux canicules et sécheresses de ces 2 dernières années. D’où cette démarche de planter des arbres qui ont des chances de subsister et qui ne devraient pas êtres perturbateurs pour les espèces autochtones ».
Un arboretum qui, tel un laboratoire à ciel ouvert, servira aussi d’espace d’observation et de mesures pour les chercheurs de l’INRA. « Le 1er arboretum du changement climatique a été implanté il y a 2 ans sur le parking d’Ikéa, rappelle Marc Vullar. Ici c’est du démonstratif en parallèle de dispositifs expérimentaux déjà existants comme le projet Giono de Verdun dans la Meuse ». Projet lancé en 2011 par l’ONF visant à une « migration assistée d’essences » pour sauver des forêts menacées dans le sud méditerranéen mais aussi permettre aux forêts du nord de s’adapter en captant des pollens libérés par ces nouvelles essences. Est-ce à dire que les forêts du sud sauveront les forêts du nord ?
À suivre…
Estelle Boutheloup