Si un boulevard ne portait pas son nom qui à Orléans se souviendrait de Pierre Ségelle ? En ce moment où il n’est question que de retraites et de sécurité sociale, il n’est pas inutile de rappeler ce que fut ce maire d’Orléans et le rôle qu’il a joué en son temps pour l’établissement d’une justice sociale. .Fils d’un médecin militaire il s’installe à Orléans en 1930. Il y exerce successivement comme médecin-adjoint de l’hôtel-Dieu, médecin-chef de service puis médecin-chef des services sociaux de la sécurité sociale
Lorsque la deuxième guerre mondiale se déclare Pierre Ségelle s’engage dans la résistance et devient l’un des dirigeants du mouvement Libération-Nord du Loiret avec lequel il participe à des actions de renseignements et d’accueil d’évadés, de filière de fuites. En décembre 1943, il est incarcéré à la prison d’Orléans puis transféré à Compiègne. Le 2 juillet 1944 il est déporté à Dachau d’où n’est libéré qu’ en mai 1945 .
Il se lance alors dans une carrière politique et est d’abord délégué à l’Assemblée consultative provisoire avant de conquérir pour la SFIO aux élections législatives de 1945 le siège de député dans le Loiret. Il siège à la première assemblée nationale constituante Réélu en juin 1946 de la commission du travail et de la sécurité sociale.
La sécurité sociale gérée par les salariés
D’octobre 1949 à février 1950 il est ministre de la santé publique et de la population au moment de la création du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Aux côté de Pierre Laroque, Pierre Ségelle a également participé à la création de la Sécurité sociale A ce propos il faut rapporter les propos de Gérard Lauvergeon qui consacra un documentaire à ce grand homme : « L’incorporation des régimes spéciaux d’assurances sociales, notamment à caractère mutualiste, qui existaient avant la loi de 1930 posait problème, car les bénéficiaires craignaient de perdre leurs avantages dans un grand système fourre-tout et aussi leurs caisses particulières où ils étaient connus. C’est la grande interrogation chez les mineurs, les cheminots, les fonctionnaires, les gens de la marine marchande. Pierre Ségelle a pris la défense du mutualisme et œuvré de telle manière qu’il ne disparaisse pas et que les mutualistes conservent leurs avantages s’ils en avaient. » Puis Gérard Lauvergeon ajoute : « Pierre Ségelle s’est aussi battu pour l’application immédiate de la Sécurité sociale dès le 1er juillet 1946 (…) L’appui des organisations syndicales et la persuasion des parlementaires lui permettent de gagner cette bataille (…) Il est à l’origine de la gestion de la Sécurité sociales par les salariés eux-mêmes. »
Ces phrases résonnent très singulièrement, comme un précieux rappel de l’histoire dans la période actuelle. Pierre Ségelle avait le souci de trouver un chemin réaliste, pragmatique, conforme à la célèbre phrase de Jaurès : « Aller vers l’idéal et comprendre le réel. »
FC