Que voilà un beau sujet de conversation en famille, un de ceux qui détournent des préoccupations du moment et éloignent les querelles. Non que le sujet soit sans importance mais parce qu’il questionne, peut prendre la tournure d’un jeu et donner à penser.
Charles Péguy
Un jour, il n’y a pas si longtemps, Charles Coustille, professeur de littérature cherchait sur l’internet le beau texte « Clio » de Charles Péguy mais comme on trouve tout sur l’internet y compris Mag’Centre, l’honorable enseignant, un peu distrait ou fatigué se retrouva sans l’avoir voulu dans la section « maps », arrêté en plein parking Péguy à Stains en Seine-Saint-Denis. Interpellé par Péguy en son parking, il demande dès le lendemain à ses élèves de Créteil, Seine-et-Marne si le nom de Charles Péguy leur dit quelque chose. A l’unanimité ils lui répondent : « c’est l’arrêt de bus d’à côté ». D’investigations en investigations, il réalise qu’en dehors des cénacles péguystes, l’un des plus grands auteurs du début vingtième siècle n’était plus qu’une place, une avenue quand ce n’était pas une simple rue, que dis-je une venelle voire une impasse.
Le rôle nominal de l’aménagement du territoire
Il ne faut pas minimiser le rôle nominal de l’aménagement du territoire. Sans lui il manquerait un pan à notre mémoire et il convient de l’interroger. C’est ce qu’a pensé Charles Coustille. Avec son ami photographe, Léo Lepage, Charles Coustille s’est lancé dans l’inventaire des diverses appellations Péguy :photos et textes, citations de Charles Péguy à l’appui, histoire de faire découvrir l’œuvre du grand écrivain à tous ceux qui habitent ces lieux ou les découvrirons en feuilletant le livre. Dans leur quête hexagonale les auteurs ont répertorié 427 voies et places Charles Péguy soit plus que Gustave Flaubert ou Alexandre Dumas, Marcel Proust arrivant loin derrière avec 118 rues.
Voyager en France avec Péguy
Lors de leur voyage les deux compères ont tenu un journal le premier ramenant de chacun des lieux un extrait des écrits de Péguy, le second des photos d’illustration. Ainsi Charles Coustille rapproche le parking Charles Péguy de Stains de « Il faut toujours dire ce que l’on voit, Surtout, Il faut toujours, ce qui est plus difficile, Voir ce que l’on voit » (Notre jeunesse, 1910).
Léo Lepage a pris des photos qui ouvrent des perspectives et suggèrent des contrastes. Un bien joli livre qui parle de notre patrimoine au quotidien et nous oblige à le considérer d’un œil différent. Et Orléans, patrie de Charles Péguy quelle place, quelle rue a-t-elle attribué à l’un de ses enfants si célèbre ?
Françoise Cariès