“Au 13 rue du merle noir”, ondes et lignes de Michel Parmenon

Impressionnant parcours riche en estime et amitié. Né en 1948, Michel Parmenon a consacré sa vie à la musique. Tout d’abord comme musicien (clarinettiste) et ensuite comme facteur de flûtes traversières. Dans “Au 31, rue du  merle noir” ou “le singulier destin d’un facteur de flûtes”, ouvrage autobiographique  publié chez Edilivre,  l’auteur orléanais, atentif aux poètes et aux peintres,  invite à partager un étonnant et passionnant voyage professionnel, celui d’un grand artisan et professeur dont les instruments, uniques, entièrement faits main sont présents dans plus de vingt pays. 
Au bout de quarante ans d’activité, rue du Colombier, à Orléans,  où le maître fabriqua patiemment six-cent flûtes, la succession est accomplie et particulièrement réussie. Le 30 novembre la société, qui demeurera à Orléans,  sera par ailleurs officiellement absorbée par la prestigieuse maison Buffet Crampon.
Tout se déroulera , lors d’un showroom,  boulevard Saint-Germain, à Paris, avec la participation de grands flûtistes jouant une Parmenon. Une nouvelle flûte unique au monde de la maison orléanaise sera également présentée. Pour l’histoire,  la maison Parmenon, c’est une gamme de six modèles différents dont l’Ovation , la Métis, l’Auréis

Un facteur de flûtes traversières d’exception

Au fil de cent-quatre vingt sept pages, cet homme secret, discret et amoureux de la nature, créateur  qui se défend d’être écrivain mais qui a cédé à l’invitation d’amis admirateurs,  fait vivre,  “le temps d’un rêve” son double qu’il appelle Romain et un Monsieur Bouquin, imprimeur, comme le père de Michel, personnalité  très attachante qui va accueillir dans son antre celui qui n’est alors qu’un gamin. Là, il lui fera découvrir de grandes œuvres musicales et, tirés d’un coin oublié de  sa maison, des dessins de mécanique précieux, le journal intime d’un facteur de flûtes ainsi que la belle image d’un oiseau joueur de flûte. Quel joli scénario de film !

Conte initiatique et œuvre autobiographique

Evoquant coups du sort, soulagement et espoir, maniant l’art  du conte initiatique  et expliquant avec une  rigueur d’orfèvre une pratique artisanale, Michel Parmenon, qui a déposé moult brevets,  force l’admiration. Car ses lignes sans emphase sont d’une franche tendresse, font un point sur de belles rencontres musicales et des aventures que ce colporteur de beau son et du renouveau de la flûte française a vécu dans le monde entier.
Michel Parmenon: “Comment développer toute la richesse de ma relation avec les merveilleux artistes que j’ai rencontrés. Je me suis enrichi de leur culture. Les flûtes que nous construisons leur ressemblent. Amateurs ou professionnels, plusieurs sont devenus amis. Pour les plus proches, j’éprouve une sincère affection.”

Au cœur du son, de sa couleur et de son épaisseur

Celui qui s’est lancé dans une vie qu’il dit lui apparaître comme ” une partition non jouable”  (et pourtant…) a titré son ouvrage,  alerte et de belle facture,  en faisant un clin d’œil à “Le Merle Noir”, composition d’Olivier Messiaen si virtuose que peu de musiciens s’y engagent. Un défi.
Evoquant chaque instant de son existence,  Michel Parmenon nous confie avoir voulu  “rester le poète de sa vie”, de toujours chercher à “comment bien vivre”.
“La flûte était près prégnante mais le cœur de ma vie est un tout” dit encore celui qui chérit sa famille.
Sans cesse en quête de beauté, être à la passion sans concession, reconnaissant à ses élèves de lui avoir tant offert, renversé parfois par l’osmose entre un artiste et son instrument,  Michel Parmenon, en “fou de l’acoustique”  nous emporte ici  avec  pudeur et le verbe simple au cœur du son, de sa couleur, de son épaisseur.

Des lignes telles des ondes de gratitude

Lorsqu’il lit ce livre, tout musicien,  devient humble et heureux de pouvoir  jouer d’un instrument, cet outil d’expression et de partage  mystérieux dont la noblesse de conception et de temps traversé ne peuvent qu’émerveiller. Quelques mots encore: dans ce livre où l’humour affleure, bien des artistes orléanais prendront plaisir à retrouver l’hommage rendu à de grands interprètes tels que Pierre-Alain Biget et Arlette Biget. Et Michel Parmenon, le fidèle, se souvient: “Il y a quarante ans , le 24 décembre, Pierre-Alain et Arlette jouaient ma première flûte à l’atelier, et nous l’avons toujours”.
Ici, l’on retrouvera aussi l’évocation de l’association Lupot et d’une exposition “Ecoutez voir”, réunissant il y a bien des années des luthiers, comme Bruno Dreux,  et divers facteurs d’instruments en la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier. Au dos du livre figure cette jolie  oeuvre  de Pascal Barcos, logo de la société Parmenon. Un bel oiseau jaune  jouant de la flûte. Elle évoque tout l’art de Michel , sa poésie et son élégance, sa science aussi, la circulation de l’air avec le tourbillon des ailes et, par conséquent l’évocation de la turbulence de l’air dans la flûte. A voir aussi  la délicate queue de l’oiseau, juste une touche, une queue de pie, comme un habit, car une flûte Parmenon est toujours une flûte de concert. Voici par conséquent, avec ce livre, une belle histoire, un témoignage , “l’expression de ma gratitude à l’égard de tous ceux auxquels je dois la pérennité de mon projet”.
Jean-Dominique Burtin.

“Au 13 rue du merle noir, Le singulier destin d’un facteur de flûtes”, 

par Michel Parmenon.
Editions Edilivre. 187 pages, 14€50.
www.edilivre.com

Commentaires

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  1. le hasard, fait bien les choses; je connaissais sa flûte puisque mon épouse la jouait, mais j’ai eu le plaisir de le rencontrer à Gidy lundi dernier et malgré un trop bref contact, le courant est tout de suite passé. Je vais dès aujourd’hui commander son ouvrage à “la librairie des temps modernes” en attendant de lui rendre visite

    • Bref en effet, mais très plaisant. En attendant je suis heureux de vous savoir futur lecteur de mon ouvrage dont je suis déjà impatient de connaître vos appréciations.
      Dans l’attente et très cordialement,
      Michel Parmenon

  2. cher Monsieur, j’ai donc lu avec intérêt votre ouvrage. Quel parcours!!!!! et quel audace !!
    car il en faut dans notre pays. Je connais évidemment plusieurs flutistes que vous citez et notamment Michel Debost aux Amériques à présent et même si nous n’étions pas toujours d’accord sur le fonctionnement administratif d’un orchestre, je n’ai, depuis son départ, jamais plus entendu le solo de Daphnis aussi bien.Je vous souhaite de bonnes fêtes en famille et peut être aurons nous l’occasion de nous rencontrer dans votre magasin, car je suppose que vous y passez de temps en temps

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