« En Angleterre, depuis 2013, chaque mois de janvier, après les libations des fêtes de fin d’année, une campagne de santé publique incite à réduire fortement son absorption d’alcool : « le Dry January » (janvier sobre). De même en Finlande, il existe « le Sober January » et en Belgique la « Tournée minérale ».Cette interruption d’un mois de sa consommation de boissons alcoolisées permet de ressentir les bienfaits sur sa santé d’un arrêt de l’alcool, même momentané.
Par Jean Paul Briand
Cette pause oblige de sortir de l’habitude, plus ou moins reconnue, d’une prise d’alcool, parfois quotidienne, que ce soit sous forme de bière, de vin ou de cordial. L’objectif principal n’est pas l’abstinence totale. Ce court sevrage doit faire prendre conscience qu’une consommation régulière d’alcool devient vite difficilement contrôlable et délétère pour sa forme physique, intellectuelle et psychologique. Des test permettent d’évaluer utilement cette consommation.
La France parmi les plus consommateurs d’alcool au monde
N’oublions pas que l’alcool entraîne, tous les ans, en France, plus de 41 000 décès évitables dont 15 000 par cancer. Il est impliqué plus d’une fois sur deux dans les cas de violence conjugale. Son coût social est évalué à 120 milliards d’euros par an. La France fait partie des pays les plus consommateurs d’alcool au monde. Depuis 2010, avec 11,7 litres d’alcool pur par an et par habitant, la consommation d’alcool ne baisse plus. Il est vrai que les producteurs français de boissons alcoolisées investissent en budget de publicité et de marketing plus de 500 millions d’euros annuels…
Un mois de janvier sobre
Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique, doit bientôt faire la promotion d’un mois de janvier sobre, similaire au Dry Juanary anglais. De nombreux négociants et vignerons sont opposés à cette campagne de sobriété. Ils semblent avoir malheureusement obtenu l’appui irresponsable du Président Macron, lors d’une visite en Champagne. Quatre associations de lutte contre l’alcoolisme (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie – Fédération française d’addictologie – Fonds Action Addiction – Société Française d’Alcoologie) dénoncent la pression des lobbies de la filière alcool contre cette action de santé publique.
Quelle sera la réaction du Docteur Agnès Buzyn, Ministre de la santé, si cette mobilisation autour de la consommation d’alcool venait à être annulée ? Si la Ministre devait perdre sa lutte vis à vis de l’alcoolisme, par la volonté de la Présidence, puis devant Bercy pour sauver l’hôpital et calmer la révolte des Urgences, sa démission devrait être fortement envisagée. Peut-être faut-il déjà réfléchir à sa succession ?