“Portraits d’union” avec des auteurs “Libres de mots”

C’est un très beau moment, chaleureux, convivial, teinté d’humour, d’élan pour la lecture et l’écrit  qui s’est déroulé ce vendredi matin  au Moule à gaufres, espace culturel orléanais,  lors du vernissage  de l’exposition “Portraits d’union”. 

La ronde des Jocondes

S’inscrire dans un projet individuel et collectif

De fait, du 8 au 12 juillet et du 26 au 30 août derniers , douze hommes et dix femmes , personnes détenues au Centre pénitentiaire d’Orléans-Saran ont participé au stage “Portraits d’union” porté par l’association “Libre de mots”. Les ateliers d’arts plastiques et de photographie ont permis aux participants de réfléchir sur leur place dans le monde en tant qu’homme ou femme. Ils ont découvert des artistes peintres , des auteurs et des photographes. Ils se sont inscrits dans un projet individuel et collectif et ont appréhendé la langue de manière ludique.  Telle était l’intention.

Une relecture avec âme de l’histoire de l’art

En vérité, tout  cela se retrouve dans cette passionnante exposition qui allie profondeur du texte, humour, lecture et interprétation personnelle  parfois décoiffante de l’œuvre d’art avec une vérité du propos à la fois saisissante, touchante, troublante. La Joconde de Léonard de Vinci, un couple de Degas, un personnage de Van Gogh, un visage de femme de Picasso  ont ainsi été revisités et commentés de manière personnelle , selon les consignes des animateurs,  comme face à un miroir.
Bien entendu, lors de cette inauguration,  “Libre de mots”  aura remercié le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation  (SPIP qui n’en est pas à sa première heureuse action culturelle), le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires , la Ville d’Orléans, la Direction régionale des affaires culturelles, la Direction régionale et départementale de la jeunesse et des sports et de la cohésion,  le Conseil régional.

“Des rimes et de belles paroles pour nous déverrouiller”

Lors de la présentation de ce travail où l’on découvre  également des écrits concernant les objets d’un quotidien choisi ou de grandes photos d’actualité qui ont marqué le  siècle ou tirées de films comme “Jules et Jim”, quatre détenus auront volontiers, avec talent et engagement, goût du partage et de l’hommage destiné aux absents,  lu,  humblement, certes  leurs propres écrits mais aussi ceux d’autres participantes et participants au stage.
L’un d’entre eux, tout simplement:  “Je suis surpris . Je ne savais pas que l’on pouvait avoir cela dans notre tête. Nous ne savions pas que que nous avions cette force d’expression, que l’on pouvait sortir cette beauté, toute cette subtilité ! “.
Un autre auteur, encore, tout naturellement: “Lorsque l’on perd pied, il y a des choses qui nous ouvrent à la vie. Nous tendre la main  peut nous aider pour aller vers une vie meilleure”.
Et son ami de reprendre:   “Quand on transmet le mot, qu’on l’écrit,  alors on se voit , et  c’est plus percutant. Il y a des rimes et de belles paroles, ce sont des clés pour nous déverrouiller”.

Heureuses compositions et textes aux cimaises

Didier Depoorter photographe

Dans cette exposition, une auteure demande, dans son texte,  à Picasso de lui rendre, “s’il vous plaît”, le visage non cubiste qui ne lui ressemble pas. Malice !  Une autre,  en écho à l’œuvre de ce dernier exprime  une ” tête au carré qui ne tourne plus rond sous ses cheveux lilas”.  Superbe ! Plus loin, un lecteur, toujours citant une écrivaine parlant de Picasso,  souligne le rapport à la couleur et de cette ” peur tellement grande que sa peau est devenue bleue”.  Prenant !

Figurent aussi un ressenti prenant pour l’évocation d’une carte  festival Banlieues bleues et un hommage à Jeanne d’Arc et à son courage.
Lors de ce stage,  le photographe orléanais Didier Depoorter est intervenu pour capter, en osmose avec les uns et les autres, leurs gestes de création et d’expression. Son envie de communiquer et de partager récompensée,  l’ont guidé pour offrir une autre image de l’emprisonnement et de la survie. D’où d’heureuses compositions aux cimaises où se côtoient photos et textes.

Un échange riche de sens

Pour la belle histoire,  cette exposition sera, à son issue,  transportée  de la rue Croix de Bois au Cente pénitentiaire et les textes seront remis à leurs auteurs.
Aline Fournier enfin, animatrice,  ce vendredi: ” Tous mettent du sens à notre travail, à notre activité”. 
Reste un seul désir de notre part: que ces textes, images et interprétations puissent donner lieu à une publication tant cette expression essentielle,  si forte,  souriante et touchante, celle des unes et des autres,  est d’une qualité humaine emplie de vérité.
Jean -Dominique Burtin.

“Portraits d’union”,

Moule à gaufres, 6, rue Croix de Bois, Orléans.
Jusqu’au 25 novembre.
Du lundi au vendredi,  de 9 heures à 18 heures. 
L!bre de mots | L’écriture réservée à tous…
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Libre de mots: www.libredemots.com

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