Professeure à l’Université d’Orléans Geneviève Haroche-Bouzinac vient de publier Louise de Vilmorin. Une vie de bohème. Elle le présentera à la librairie Chantelivre.
Louise de Vilmorin, une vie de bohêmésentera à la librairie Chantelivre
Comme elle en a pris la délicieuse habitude, depuis son Voltaire dans ses lettres de jeunesse, Geneviève Haroche-Bouzinac, Professeure d’histoire littéraire à l’université d’Orléans, vient de nous livrer sa dernière biographie littéraire : après Elisabeth Vigée Le Brun (prix Chateaubriand et Mellor Book Prize) et La vie mouvementée d’Henriette Campan (Prix de la Légion d’Honneur), un nouveau parcours de femme d’exception : celui de Louise de Vilmorin. Poète, romancière, scénariste de talent, dialoguiste pour Les Amants de Louis Malle, Louise née quand le XXe siècle avait deux ans partage la vie et les amours du peintre Jean Hugo, de Saint-Exupéry et d’André Malraux.
Issue d’une grande famille de botanistes, aux confins de l’Essonne (ancienne Seine-et-Oise) et du Loiret, les Vilmorin, Louise goûte durant sa jeunesse les plaisirs de la campagne à Verrières, en un grand écart avec les mondanités du Tout-Paris de Cocteau, de Lanvin et de Coco Chanel, de la maison du Quai d’Orsay et avec les joies salées de Noirmoutier, bien avant son Sable du sablier. Inconstante et fidèle, aussi changeante que la couleur de ses yeux, Louise de Vilmorin est liée par sa grand-mère à l’histoire de la famille Darblay, notables de l’industrie de la minoterie et de la papeterie, entre Corbeil, Villejuif, Artenay et Chevilly, qui compte de nombreux maires, conseillers généraux et députés du Loiret, censeurs et administrateurs de la Banque de France à Orléans. Louise passe ses vacances à Angerville avec « Mémé », avec ses cousins d’Estienne d’Orves, branche du grand héros de la Résistance. A Nogent-sur-Vernisson, son ancêtre André de Vilmorin acquiert dès 1821 des terres qui deviendront l’arboretum des Barres, remarquable jardin d’acclimatation de variétés exotiques.
Disparue à la fin de la République gaullienne, en 1969, Madame de a sans doute souffert pour sa trace littéraire de l’image de superficialité liée à l’élégante Parisienne, très éloignée de Sainte-Unefois. Le grand mérite de Geneviève Haroche-Bouzinac est de nous faire redécouvrir, derrière les masques successifs dont elle s’est couverte pour bâtir sa légende, la jeune femme sensible, marquée par la perte douloureuse de son père, par le handicap de la claudication, par la privation de la présence de ses trois filles Jessica, Alexandra et Elena, par la mort tragique de son petit Prince des pilotes, son éternel fiancé de Fiançailles pour rire. Si son inconscience politique, singulièrement durant l’Occupation, laisse rêveur et mérite L’Alphabet des aveux, on préfèrera retenir la qualité de sentiments partagés, en 1933 puis à la fin des années 1960, avec Malraux qui l’encourage à entretenir son foisonnement créatif, celui de l’artiste grande amie de Cocteau, comparée pour sa fantaisie poétique au Max Jacob de Saint-Benoît-sur-Loire.
Pour redécouvrir Louise de Vilmorin, lisez la bio de Geneviève Haroche-Bouzinac. Avant de lire ou relire Madame de.
Geneviève Haroche-Bouzinac viendra présenter et signer son ouvrage Louise de Vilmorin. Une vie de bohème, (Flammarion, 518 p, 2019. 23,90 euros) à Orléans à la librairie Chantelivre (place du Martroi), le jeudi 7 novembre, à 18 h.