Le programme de ce samedi soir des RAMI 2019 au Théâtre d’Orléans, faisait comme à son habitude place à une forme d’éclectisme cohérent, liant par une alchimie intuitive la musique et la poésie avec, entre étonnement et émotion, une envie de découvrir ces marges artistiques qui nourrissent à la source le spectacle qui vit.
Pascal Maupeu cl Marie Lin Bonneau
Ouverture en flash back musical
Première proposition de cette fin d’après midi, l’hommage musical à Syd Barrett, fondateur et compositeur des Pynk Floyd (auquel le groupe rendra lui-même hommage après son départ, avec l’album mythique “Wish you were here“), hommage donc à la guitare électrique sans laquelle la pop ne serait pas, sur des courtes compositions de Pascal Maupeu. Des instants de grâce d’une grande délicatesse musicale dans ces morceaux solo, où la référence aux Pink Floyd surgit dans une grande simplicité, mettant en exergue l’originalité de cette créativité musicale dont Syd Barrett était l’ange tutélaire.
Retour à la poésie
La poésie prend le dessus ensuite avec un patchwork aussi désopilant que percutant, conférence de quatre comédiens interprétant des textes poétiques de quatre poétesses et poètes, quatre “pointures” dont le tissage des textes entrecoupés d’onomatopées et autres bruits labiaux créent un dialogue étonnamment productif, entre les folles envolées pugnaces d’Henri Michaux, le quotidien stérile de Sylvia Plath (que l’on retrouvera prochainement dans un spectacle du CDNO), les délirantes allitérations d‘Isabelle Sbrissa, la suissesse qui nous parle de fric, de pognon, de pèse et d’argent, et Géo Norge au malicieux esprit belge. Télescopage poétique qui dit tant avec ces mots ciselés comme des fléchettes, car bien sûr: “combien faut-il de réel pour écrire un poème ?”
Les Maudits cl Marie Line Bonneau
Et une grande envie de lire ou relire tout ça, merci les Rami !
Musique de rêve
Marsyas cl Marie Line Bonneau
Tableau suivant, cette fois en salle Vitez, ouverture sur deux corps enlacés autour d’un violoncelle dans la pénombre d’une musique à la vibration grave, corps enchevêtrés partiellement dénudés, vision du “radeau de la Méduse” (?), puis le lent mouvement prend vie sur la palpitation d’une guitare jouée à l’archet, les deux corps se dénouent, le violoncelle s’échappe, instrument fantastique de Jérôme Bosch (?), la sensation déploie les ailes du rêve, mais a-t-on vu ce spectacle ou l’a-t-on seulement rêvé ?
Et le cru de Pierre Pérret
Il fallait bien qu’un jour, les Rami inscrive l’érotisme à son programme, érotisme si souvent servi par la poésie. Vers de mirliton ou extase sensible, l’érotisme n’est jamais si bien servi que par la poésie, et cette monumentale anthologie de 671 pages concoctée par un connaisseur, est là pour le prouver. D’inconnu(e)s à Musset en passant par Madeleine Chapsal ou la très noble Anne de Rohan, Giedré accompagnée de son facétieux violoncelliste, dit ces textes avec la volupté d’une jeune fille de collège en chemisier col Claudine, et le verbe se fait chair pour notre plus grand plaisir. Jusqu’à ce poème à la diction acrobatique choisi par hasard dans la salle à la page 69, en l’honneur du cul…
La poésie a tous les droits !
GP
“I’m not here, songs of Syd Barrett”
Guitare: Pascal Maupeu
“Les maudits”
Déclamation: Estelle Bezault, Coraline Cauchi, Guillaume Schenck, Hugo Zermatti
“Marsyas”
Interprétation: Flora Gaudin, Marion Rhéty,
Guitare: Richard Comte
Giedré et Hughes
Voix Giedré
Violoncelle: Hugues Vincent
Brigitte Fontaine ©TuMinhTan
Attention: il reste des places pour le concert événement de Brigitte Fontaine dimanche à 17 h 30: pour réserver
Merci de ne pas utiliser les photos sans l’autorisation de l’auteure de celles-ci.