Le Parlement des Ecrivaines Francophones, créé l’an dernier à Orléans, se réunit en session restreinte les 16 et 17 octobre dans la cité johannique afin de réfléchir à son avenir. Deux rencontres avec le public sont aussi prévues.
Françoise James Ousénie, Olivier Carré, Fawzia Zouari et Sophie Ferkatadji, présentent la session du parlement des écrivaines francophones.
Orléans avait créé l’évènement en 2018 en accueillant le premier Parlement des Écrivaines Francophones, imaginé par l’écrivaine tunisienne Fawzia Zouari. Une émanation des Voix d’Orléans, nées de la volonté du maire d’Orléans Olivier Carré après les attentats de 2015 et qui chaque année donne à entendre les paroles libres des intellectuels francophones pour aller au-delà du seul point de vue franco-français. Justement la première édition en 2016 avait choisi les femmes pour thématique avec le désir ensuite d’aller plus loin, d’où l’idée de ce parlement.
Un parlement qui s’est réuni solennellement une première fois dans la salle du conseil municipal d’Orléans du 26 au 28 septembre 2018 en présence de 70 femmes de lettres issues de vingt-sept pays francophones du globe. Trois jours d’échanges riches sur la langue française et sa transmission, son enrichissement par les cultures locales mais aussi sur les difficultés et les risques d’être écrivaine à part entière, en Afrique notamment mais aussi ailleurs.
Interview de Fawzia Zouari
Une session qui avait alors abouti à un premier acte fondateur sous la forme d’un Manifeste publié dans le Monde avec la volonté de défendre les valeurs universelles d’égalité, de solidarité et de laïcité. Un combat que résume ainsi Fawzia Zouari : ” Nous sommes aujourd’hui doublement militantes parce qu’avec cette vague de retour aux sources, l’identité arabo-musulmane, dans certains pays nous sommes un peu traitées de vendues à la France, d’avoir renié notre identité, d’être passées dans le camp adverse et donc nous sommes obligées de nous défendre aussi sur ce terrain là. Alors, nous le disons haut et fort, nous sommes fières d’être francophones et ce n’est pas du tout un retournement contre nos cultures d’origine. “
Un Parlement très actif.
Ce parlement riche à ce jour de 76 auteures n’a pas chômé en 2019 avec des participations dans diverses manifestions : en mars le Salon du Livre de Paris, la journée de la francophonie à Tunis, les rencontres littéraires corses ” Racines du ciel ” en juin, mais aussi ” La Journée de la Terre ” du 22 avril où chaque parlementaire a planté un arbre ou une petite plante dans son pays. Par ailleurs raconte Fawzia Zouari ” le 10 octobre, le corps d’armée qui s’occupe du patrimoine pendant les guerres nous a invité pour avoir notre point de vue. On y est allé surtout pour faire valoir une parole de paix et pour lire un poème de l’auteure syrienne Maram al- Masri. “
L’autre objectif de ce parlement est de publier des ouvrages. Saluons à cet égard le travail de l’éditeur loirétain Gilbert Trompas, dont la maison d’édition Corsaire vient de publier une anthologie des “Voix d’écrivaines francophones “ dans sa collection ” Regain de Lecture ” avec notamment une notice biographique complète sur chacune des 70 membres fondatrices de ce parlement.
Autre idée: la création à Tunis d’une collection ” La bibliothèque du Parlement ” avec la volonté de créer trois livres produits par dix auteures sur trois thèmes majeurs :
- Dieu est-il un homme ou une femme?
- Comment je suis devenu une fille
- Le corps des femmes
Une deuxième session orléanaise restreinte mais essentielle.
Un Parlement vivant et en bonne santé donc mais qui a besoin aujourd’hui de réfléchir à son avenir et de mieux se structurer. Ce sera l’objet de la session restreinte des 16 et 17 octobre à Orléans en présence de 18 parlementaires-écrivaines. Deux jours de travail au cours desquels elles vont exprimer en toute liberté leurs attentes et leurs besoins au sein de trois commissions orientées sur le bilan et les perspectives de ce Parlement, son outil de gouvernance, mais aussi les meilleures façons de se positionner efficacement sur les sujets d’actualité.
Des idées sont encore à l’état de projet comme celui d’accueillir en résidence à Orléans une jeune écrivaine francophone qui rencontre des difficultés à exercer son métier.
Des rencontres avec le public
Si les débats entre ces femmes écrivaines seront évidemment privés, vous pourrez néanmoins les rencontrer et dialoguer avec elles sur l’écriture, la langue française et les sujets qui agitent nos sociétés ce mercredi de 17h à 18h au FRAC Centre-Val de Loire et jeudi 17 octobre toujours de 17h à 18h à la médiathèque d’Orléans.
A noter enfin que ces femmes sont vraiment partout puisque deux parlementaires-écrivaines seront présentes les 19 et 20 octobre prochain au deuxième Salon du livre d’Orléans Festival livre O coeur dans la serre du jardin des plantes. Il s’agit de la franco-camerounaise Marie-Rose Abomo-Maurin et de la québécoise Madeleine Monette.
Bref on l’aura compris, ce Parlement des Écrivaines Francophones n’a pas fini de faire parler de lui notamment à Orléans, mais quoi de plus normal dans une ville qui rend hommage chaque année à une femme !
Sophie Deschamps