Refusant d’appliquer la directive adoptée à l’échelle européenne en mars, et transposé dans le droit français en juillet, Google ne montrera plus, par défaut, les extraits d’articles pour ne pas avoir à payer les éditeurs de presse.
“Un droit voisin” en matière de presse
En effet, l’article 11 de la directive crée, ainsi un « droit voisin » pour la presse sur Internet. Cela signifie que lorsqu’une plate-forme numérique (Google ou Facebook,les plus directement visées par la directive) utilise tout ou partie d’un article de presse, elle devra s’acquitter d’une rémunération due à l’auteur du contenu diffusé.
Mais dès ce mercredi, Google a annoncé qu’il changeait les règles d’affichage de ses services : par défaut, les pages ne montreront désormais plus d’extraits d’articles ou de photos miniatures, mais seulement les titres et les liens (adresse URL), sauf si les éditeurs donnent leur autorisation, évidemment sans contrepartie.
“Un diktat inacceptable de Google”
Et l’enjeu est de taille, une étude commandée par l’AIPG (Alliance de la Presse d’Information Générale qui regroupe la plupart des grands titres de la presse) estime entre 250 et 320 millions d’euros le manque à gagner publicitaire du à ces utilisations de contenus par des structures qui ne produisent aucun contenu en agrégeant automatiquement de l’info produite par d’autres. L’Association européenne des éditeurs de presse (ENPA), quant à elle, « soutient les éditeurs français » : « Le diktat de Google est inacceptable » ajoutant : « Google n’est pas au-dessus des lois. Les éditeurs européens entendent rester unis face aux intimidations et demandent que la législation européenne soit respectée. Faute de quoi une presse libre, indépendante et de qualité ne pourra plus trouver sa viabilité au sein de l’UE. »
Et le ministre de la culture, Franck Riester, ne cache pas son mécontentement quant à la proposition de Google: « J’ai rencontré le patron de Google News , et je lui ai fait passer un message très fort sur la nécessité de bâtir, avec les éditeurs et les agences de presse, des partenariats gagnant-gagnant. La réponse qu’il m’a apportée, quelques minutes après, est une fin de non-recevoir. C’est inacceptable. »
Le bras de fer ne fait sans doute que commencer, mais la position de Google n’augure rien de bon quant à une rémunération équitable de la presse en ligne et donc pour l’avenir de celle-ci.
GP
Source: Le Monde