“Le dur désir de durer”, les choses de la vie au Campo Santo

C’est un spectacle tout aussi grave que joyeux que nous propose la compagnie Dromesko jusqu’à vendredi, dans cette suite en avant du “Jour du Grand Jour”, ce jour de fête que nous avait proposé la Scène Nationale d’Orléans en juin 2018 dans cette “baraque” foraine déjà installée au Campo Santo.

©Fanny_Gonin.

Et il suffit que la traîne de la mariée s’échappe d’un coup de balai magique pour que la procession des personnages reprenne dans un carnaval pittoresque comme si le temps s’était évaporé entre les deux spectacles. Et le temps reprend son inexorable cours, le défilé des tableaux et des personnages va se dérouler toujours dans le même sens, comme les bribes d’un court film montées bout à bout, ou comme des petits morceaux d’humanité sur l’inusable tapis roulant de la vie. Et si la mort rode dans les plis de chaque scène, la compagnie Dromesko retrouve dans cet espace-temps scénique toute sa fantaisie, son inventivité, entre burlesque et fantastique, mêlant subtilité musicale et finesse du détail verbal avec une mise en scène de tableaux visuels à l’évocation imaginative que le public applaudit comme au cirque.

Cette tragédie du temps, qui ne cache pas son petit coté bunuelien avec son ouverture aux tonalités mexicaines, nous touche au plus intime de nous même dans une étrange joie du deuil, où la fuite de chaque instant devient une fête de la vie, une épiphanie du présent qui fait “qu’après demain, demain sera hier…” comme le dit le sous-titre du spectacle. Et gare à celui qui veut remonter le temps à contre courant, les dieux de la tempête bousculeront ces humains téméraires qui seront balayés comme fétus de paille par une tempête dantesque.

Un grand spectacle où l’imaginaire de chacun puise comme dans une “ressourcerie” de la vie…

GP