Contrairement à cette Guerre qualifiée de “Grande”, la commémoration de la seconde guerre mondiale reste bien discrète pour ne pas dire inexistante. Pourtant la commémoration, au delà de son aspect souvent protocolaire, offre parfois l’occasion de relire le passé et de réfléchir sur les faits marquants de notre histoire, et de ce point de vue le mois de septembre 1939 qui vit s’ouvrir l’une des périodes les plus tragiques de l’histoire de l’humanité mérite que l’on s’y attarde.
Varsovie en feu septembre 1939
Orléans connaîtra un événement d’importance en novembre prochain avec la reconstitution du Festival de Cannes qui devait initialement s’ouvrir en septembre 1939, événement culturel qui ne manquera pas de nous rappeler les réalités diplomatiques de l’affrontement en gestation, mais le CERCIL d’Orléans en partenariat avec l’association orléano-polonaise Loire Vistule organisait ce mardi soir une double conférence sur les événements de ce funeste mois de septembre en Pologne et en France.
Cette double conférence , débutait par la projection, commentée par Piotr Bilos, directeur du département polonais à l’INALCO d’un très court film sur le siège de Varsovie qui débute le 7 septembre 1939 pour s’achever par la capitulation de la ville le 28 septembre. Si l’on connaît mieux les deux insurrections qui marquèrent cette ville martyre, ce premier siège, illustré par ces images tournées par ce jeune américain, Julien Bryan, qui eut le courage de se rendre sur place durant une dizaine de jours, fut la première mise en œuvre des méthodes de guerre nazies notamment à l’égard des populations civiles. L’aviation allemande bombarde alors massivement la ville et n’hésite pas à utiliser des tonnes de bombes incendiaires, y compris contre les hôpitaux. En neuf minutes, ce film ouvre la tragédie qui va gagner toute l’Europe. Il fut diffusé aux Etats-Unis, proposé pour un Oscar du court-métrage en 1941 et visionné par le président Roosevelt.
L’historien Fabrice Grenard nous décrit alors comment de son coté la France se mobilise après la déclaration de guerre du 4 septembre, prenant enfin conscience que la reculade munichoise de 1938 ne servit à rien pour apaiser l’appétit territorial d’Hitler. Loin de l’image d’une France défaitiste, souvent colportée par l’expression ambigüe de “drôle de guerre”, Fabrice Grenard s’est employé à montrer combien la France et les Français avaient préparé cette guerre avec méthode et efficacité, préparation qui ne pourra donc expliquer la défaite qui va survenir.
Reste alors, au delà de ce parallèle des situations entre les deux pays, la question cruciale que posera la directrice de l’Institut Polonais de Paris: pourquoi le Conseil Suprême Interallié qui se réunit le 12 septembre 1939 à Abbeville, avec Dalladier et Chamberlain (mais pas le premier ministre polonais) ne respecte-t-il pas les engagements des deux pays pris dans le cadre du traité de Versailles, engagements qui stipulent une réplique immédiate en cas d’attaque de la Pologne ? Les deux pays vont laisser se dérouler la tragédie polonaise en attendant passivement l’écrasement d’une armée polonaise qui contrairement à une idée reçue, fait preuve d’une capacité de résistance face à la double attaque allemande et soviétique. Sans cette ultime lâcheté “munichoise”, l’histoire se serait sans doute écrite autrement…
Il est des pages de notre histoire que la France préfère oublier…
Gérard Poitou
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