Embarquement immédiat  sur la Gabare à Olivet, solidaire et bio

Cette gabare n’est pas l’un des bateaux du prochain Festival de Loire mais le nom du supermarché coopératif et participatif qui a ouvert ses portes le 11 septembre dans une zone commerciale à Olivet. Son capitaine, Benoît Lonceint a déjà convaincu plus de 700 coéquipiers de le rejoindre dans cette aventure humaine et citoyenne au long cours. Benoit Lonceint ancien candidat à la candidature aux législatives de 2017 sou la bannière LREM. 

Benoit Lonceint.

A première vue, on a l’impression d’entrer dans un supermarché comme les autres avec encore quelques étagères vides en ce premier jour d’ouverture. Mais très vite on repère quelques différences. L’ambiance tout d’abord, chaleureuse et conviviale, tout le monde ayant l’air de se connaître. Et c’est le cas, ou presque, puisque pour venir faire ses courses dans ce magasin, il faut être souscripteur du projet et mettre la main à la pâte en donnant au minimum trois heures de son temps par mois. D’où la présence d’un espace d’animation au beau milieu du local, qui va permettre justement aux adhérents de proposer des ateliers de cuisine, aux producteurs de faire des dégustations mais ce sera aussi un lieu de débats et de conférences avec deux classeurs de suggestions bien visibles .

En se promenant dans les rayons, on remarque ensuite que les produits de marque ne sont pas mis en avant comme dans un supermarché classique. Ici on fait la part belle au vrac (même pour les produits ménagers), aux produits bio, locaux et de saison pour les fruits et les légumes, ainsi qu’aux marques génériques avec une petite astuce, des codes couleur qui permettent de s’y retrouver plus facilement. On y trouve aussi quelques produits végans.

Une gabare mise sur pied en un temps record de 18 mois.

Le point de départ était de reprendre les murs et les salariés du Carrefour Contact à Orléans la Source après l’annonce de sa fermeture pour juillet 2018. Le projet est tombé à l’eau mais pas l’idée avec des chiffres qui parlent d’eux-mêmes: 18 mois de gestation (contre 4 ans pour ce genre de démarche), 900 m2 de locaux ( à la place de l’enseigne La Fête) dont 560 m2 de surface de vente, 700 souscripteurs, et déjà 4000 produits proposée à la vente.

Un supermarché ouvert à tous et épaulée par une association

En bon chef d’entreprise Benoît Lonceint a d’abord créé la structure juridique du projet sous forme de SAS-CCV, Société par Action Simplifiée, Coopérative Capital Variable. Car de fait, le capital est constitué par la cotisation des souscripteurs. Une sorte de droit d’entrée de 100 euros, composée de 10 parts sociales de 10 euros chacune. Alors un supermarché élitiste réservé aux bobos, la Gabare ? « Pas du tout ! » rétorque Benoit Lonceint « Nous voulons qu’elle soit accessible à tous, notamment aux jeunes avec une souscription de 10 euros pour les étudiants et les bénéficiaires de droits sociaux comme le RSA, avec le même droit de vote que les autres souscripteurs ». Seule obligation : donner trois heures de son temps par mois afin de faire tourner la boutique avec les quatre salariés, un cadre et trois agents de maîtrise. Mais pour introduire ce bénévolat au sein de l’entreprise, il a fallu créer une association Les Amis de la Gabare. « Un énorme plus qui donne son caractère humain au projet » explique Jean-Pierre Paulhac, son président : « A la première assemblée générale, nous étions 365 et nous avons senti une véritable adhésion, un intérêt pour cette démarche, c’est exceptionnel de voir tous ces gens se mobiliser ».

« On est des deux côtés : clients et gérants »

Emmanuelle Matet.

Même son de cloche pour Marie-Emmanuelle Matet, par ailleurs conseillère municipale d’opposition (PS) à Orléans souscriptrice engagée de la première heure : « Je connaissais déjà La Louve à Paris. J’ai d onc tout de suite prêté attention aux premières discussions sur la Gabare via les réseaux sociaux en novembre 2018. Dès que j’ai été à la retraite en février et donc disponible, je me suis dit : c’est pour moi ! . J’aime sa dimension participative, je découvre un autre univers que mon activité professionnelle médico-sociale. Je ne suis pas une écolo à 100% mais je le deviens peu à peu en me centrant sur la qualité de vie. Ce supermarché c’est pas du tout un truc de bobos, j’y tiens, il s’adresse à tous dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. Ce qui me plaît aussi c’est que c’est une action concrète. On est des deux côtés clients et gérants. Il y a de la place pour toutes les compétences car il y a encore beaucoup à faire. Pour ma part, je fais partie de la commission relations humaines (il y a huit en tout) afin de recruter de nouveaux adhérents, c’est en tout cas une formidable aventure humaine ! »

 « Il ne s’agit pas d’une révolution mais d’une évolution »

Car malgré cette forte adhésion Benoît Lonceint reste modeste et insiste sur l’aspect évolutif de la gabare et son co-développement. « Nous allons faire une phase-test de trois mois non pas pour voir si ce supermarché est viable, ca nous en sommes certains, mais nous voulons coller aux demandes progressives des coopérateurs sur la présence des produits, leur place dans les rayons… C’est ce qui fait de la Gabare un supermarché différent des autres, avec une attention à tous les publics notamment les personnes en fauteuil avec une entrée de plain-pied et des allées larges.

« Je veux transmettre des valeurs à mes enfants »

A la caisse, je retrouve Claire, adhérente enthousiaste de la Gabare: « Je travaille dans le social et j’aime les choses justes, et ici on paie les produits à leur juste prix. C’est aussi un projet humain et écolo qui a du sens car il représente les valeurs que je souhaite transmettre à mes enfants. De plus c’est agréable et chaleureux, je vais mettre plus de temps à faire mes courses mais je vais y gagner en convivialité ! »

Objectif: 1000 souscripteurs à la fin de l’année et l’embauche d’un cinquième salarié

Et Benoit Lonceint ne compte pas s’arrêter là. Son but est de faire encore grossir cette gabare en dépassant la barre symbolique des 1000 souscripteurs avant la fin de l’année ce qui permettrait l’embauche d’une cinquième personne.
Une gabare qui bien sûr tiendra un stand durant les cinq jours du Festival de Loire d’Orléans, du 18 au 22 septembre.
Et tiens, au fait, pourquoi ce nom, la Gabare? Sourire amusé de Benoît Lonceint, « Nos premières réunions se sont déroulées dans le local des sauveteurs en mer d’Orléans. Au mur, une fresque avec des bateaux de Loire. Pourquoi ne pas appeler notre projet la Gabare a lancé une bénévole. Le nom était trouvé…
Sophie Deschamps
La Gabare, 1455, rue de la Bergeresse à Olivet est ouverte du mardi au samedi de 9h à 20h.
Réunions d’information ouvertes à tous les mardis et jeudis de 19h à 20h 30 et le samedi de 10h à midi.

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