La maladie des urgences va-t-elle guérir avec les prescriptions du Docteur Buzyn ? 

La Docteur Agnès Buzyn, ministre de la Santé, est au chevet des urgences. Ce lundi 9 septembre, elle a souhaité donner la primeur de sa thérapie aux collectif Inter-Urgences, aux représentants du personnel et des dirigeants hospitaliers ainsi qu’aux syndicats des médecins libéraux afin d’enrayer la crise des urgences d’une façon pérenne.

La prime mensuelle de 100 euros versée depuis juillet et les 15 millions d’euros débloqués pour recruter des renforts estivaux n’ont pas suffi pour arrêter ce mouvement de grève qui dure depuis six mois ( https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=59dp3y4nMhI ). Sans traitement de fond, ces pansements n’ont pas empêché que près de la moitié des services d’urgence soit toujours terriblement enfiévrés.

Agnès Buzyn ministre de la Santé (archives Magcrentre. FS)

Dans l’édition 2019 de son rapport, la DREES  signale, qu’en 2017, les 713 structures des urgences françaises ont pris en charge 20,7 millions personnes pour la France métropolitaine (dont 18% par le secteur privé). En moyenne chaque structure voit 30100 patients par an, soit 82 chaque jour. Après passage en service des Urgences, 60% des patients sont hospitalisés. Les services dits d’urgences sont en pratique des services d’admission avant hospitalisation à la demande de médecins libéraux ou de structures médicales (EHPAD), d’hospitalisations d’urgences médicales ou chirurgicales authentiques, de soins imprévus et de consultations non programmées pour des patients pressés ou inquiets et non pris en charge par la médecine de ville.

Douze travaux d’Hippocrate

Pour empêcher que les services d’accueil des hôpitaux croulent sous les demandes et que leurs couloirs soient engorgés par des patients sur des brancards, dont l’état nécessite absolument une hospitalisation, il est nécessaire d’avoir une régulation efficiente en amont et de disposer suffisamment de lits d’aval vacants. Le filtrage d’amont est essentiel et doit intervenir avant que le patient décide, de lui-même, de venir à l’hôpital. Ce filtrage ne peut réussir qu’accompagné d’une éducation des usagers et l’appui de professionnels de ville accessibles et disponibles. Au delà des urgences, c’est donc toute l’organisation de l’accès aux soins qui doit être revue. Notre ministre de la santé, Agnès Buzyn, semblait l’avoir compris puisqu’elle a appelé ses douze mesures de réforme ” 

Pacte de refondation des urgences “

 Ces 12 travaux d’Hyppocrate sont accompagnés de 754 millions d’euros engagés sur la période 2019-2022 à répartir entre les services d’urgences, les établissements de santé et les acteurs de ville du système de santé. Belle foire d’empoigne en perspective d’autant que cette bien belle somme ne s’ajoutera pas au budget déjà prévu pour les dépenses de santé mais sera puisée dans les crédits existants.

La première des douze mesures est innovante et le filtrage d’amont semble être enfin acté. La création d’un service d’accès aux soins (SAS), fonctionnant 24h/24H sur tout le territoire devrait permettre, en fonction des besoins, d’obtenir un conseil médical et paramédical, de prendre rendez-vous pour une consultation avec un médecin généraliste dans les vingt-quatre heures, de procéder à une téléconsultation, d’être orienté vers un service d’urgences ou de recevoir une ambulance. Reste à le faire accepter par certains patients habitués à utiliser le système en libre service gratuit. Les mesures 2 et 3 ont pour objectif de « renforcer l’offre de consultations médicales sans rendez-vous en cabinet, maison et centre de santé » et « donner à la médecine de ville les mêmes outils de prise en charge que les urgences ».

La région championne des déserts

La ministre de la Santé (à gauche) et la directrice régionale.

La pénurie médicale catastrophique, dont la Région Centre Va de Loire est la championne, risque de compromettre ces deux mesures et rendre bien difficile le renfort, en ville comme à l’hôpital, de médecins et de soignants. La mesure 3 qui veut « offrir aux professionnels non médecins des compétences élargies pour prendre directement en charge les patients. », va probablement se heurter à la résistance et au corporatisme des syndicats de médecins. La mesure 5 qui veut éviter que les personnes âgées dorment sur un brancard est une mesure humaine de bons sens. Encore faut-il des lits inoccupés pour les accueillir. Tous les autres mesures restent accessoires. Le ministère ne prévoit pas d’ouvertures de lits d’aval supplémentaires ni de recrutements de personnels, comme le réclament les grévistes.

Il est à craindre que les prescriptions du Docteurs soient accueillies avec scepticisme et déception chez les grévistes et que les 249 sites, actuellement en grève selon le collectif Inter-Urgences, continuent leur mouvement… 

JPB septembre 2019

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