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A Orléans, pour la deuxième journée du concours international Brin d’Herbe consacré à la musique pour piano des XXe et XXIe siècles, manifestation organisée par Orléans Concours International à la salle de l’Institut, de jeunes interprètes continuent de soulever l’admiration et de susciter une radieuse émotion. Ce vendredi, voici que s’avance, entre autres, ouvrant le bal de la journée, Alexeï Gateau, pianiste âgé de dix ans faisant montre d’une fascinante concentration, d’une respiration intérieure prenante et faisant, sans le vouloir, un clin d’ œil à Jazz or Jazz en interprétant notamment un “Ciné-Jazz”, pièce de Charles-Henry au tempo abrupt, charmant et efficace. Son jeu est tout en jonglerie précise, en application subitement décoiffée, en sons miroitants.
Gateau Alexeï, vendredi, entre classique et jazz ! © JDB
Troublante de présence est encore Kethlyn Lor, âgée de neuf ans, qui nous offre, mains gantées, un “Scale play” de Kurtag précédant un “Valcer” du même compositeur en hommage à Chostakovitch. Elle y fait montre d’une grande profondeur d’interprétation. Au clavier du Steinway qu’accorde
François Bauer, elle se livre les bras grands ouverts et nous offre, de la même manière, une musique servie par cœur, rubis sur l’ongle. De fait elle réinvente sobrement, implacablement, avec coloris inspirés, un étrange silence musical fait de notes et de temps suspendu.
Une très belle aventure, nourrie de beauté, d’imagination et de talent
Dans les salons de l’Institut,
Isabella Vasilotta, directrice artistique, ne cache pas sa sereine et légitime satisfaction. :
“C’est un grand bonheur pour nous de voir ces enfants et ces adolescents offrir ce qu’ils ont de plus beau, de ne pas les sentir effrayés mais enthousiastes. Je pense que tout cela tient aussi aux membres de l’association, à leur accueil, leur accompagnement, au partenariat avec le conservatoire, à la présence radieuse et joyeuse du photographe Pino Montisci , et surtout à cet esprit familial qu’a insuffler Françoise Thinat, fondatrice de ce concours si exigeant, sympathique et chaleureux”.
Le jury au grand complet en compagnie d’Isabella Vasilotta le temps d’une pause. © JDB
Lors d’une pause amplement méritée, tant les interprètes sollicitent l’écoute de chacun, Michel Runtz, compositeur et pianiste, membre du jury, parle volontiers de ce rendez-vous et de l’admiration qu’il éprouve: “Ce concours est nécessaire. C’est en faisant jouer la musique par de jeunes interprètes que l’on peut à merveille transmettre le patrimoine contemporain. Le symbole en est encore plus fort. Vous savez, certains pianistes viennent de très loin pour faire entendre ici ces compositeurs. Beaucoup de candidats ont une sensibilité étonnante et nous transmettent une émotion mise au service d’une musique qui cependant ne va pas pas de soi car elle est à la fois difficile et compliquée. Oui, je trouve sincèrement que l’imagination de ces jeunes fait qu’il y a une transmission de la beauté au-delà de la technique. Tout est ici le fruit d’un travail remarquable des interprètes mais aussi de leurs professeurs . Les uns et les autres sont admirables et encore rares à oser le lancer dans l’aventure.”
Peu après cette rencontre, les épreuves reprennent et Alix Hamilton jeune pianiste britannique de treize ans , lumière tombée des nues, interprète Mason, Kurtag, Bartok et les “Barquitos de Cadiz”, estampe andalouse de Joaquin Dodrigo. Charme intemporel.
Le sac Brin d’Herbe 2019, pour emporter souvenirs, prix et partitions. © JDB
C’est aujourd’hui que se déroule la dernière journée de ce concours couronnée par la proclamation des résultats, un événement qu’auront honoré de leur présence, au cœur du public, le compositeur Christian Mason et madame Christine Jolivet-Erlih (www.jolivet.asso.fr).
Précisons que toutes les prestations des candidats sont retransmises en différé sur You Tube et que chaque candidat recevra en We Tranfer l’enregistrement de sa prestation. Soulignons encore que tous les artistes auront pu répéter chaque jour de neuf heures à vingt heures sur les pianos de quinze salles mis à disposition par le conservatoire et que six demandes de familles d’accueil émanant des vingt-quatre candidats auront été honorées gracieusement le temps de la manifestation par des Orléanais. Tout cela participe aussi d’une belle et passionnante huitième édition.
Jean-Dominique Burtin.