La forêt domaniale de Chambon-sur-Cisse, près de Blois, a servi, en 1915, de camp d’entraînement, après constitution et construction des infrastructures identiques, aux terrains de guerre, pour les militaires du 113ème régiment de Blois. Une série de tranchées censée représenter le front y avait été creusée pour reproduire le fonctionnement et la vie «sous-terre» afin d’adapter au mieux les soldats à leur futur univers, in situ. Au fil des décennies, le camp abandonné a été recouvert par la végétation et Alain Gauthier, passionné d’histoire de nature, le découvrit, avant inscription à l’inventaire des monuments historiques en 2015.
L’ensemble fut dégagé, entretenu et menait sa vie de site mémoriel soutenu par des associations d’anciens combattants et le Musée de la Résistance de Blois. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes quand l’Office National des Forêts (ONF), gestionnaire de la forêt depuis 2008, voulut appliquer son plan de maintenance et d’entretien, qui impliquait une coupe d’éclaircissement avec l’abattage de près de 170 arbres (un sur dix en moyenne), surtout des chênes, dès le 15 avril dernier…
Or, l’association de La Vallée de la Cisse, avec Alain Gauthier, en tête, suivie de quelques élus, de représentants d’associations patriotiques et mémorielles, de simples citoyens, d’amoureux de la nature, de fans d’histoire et de souvenirs…a riposté pour tenter d’interdire cette coupe. Récemment arrivé, le préfet Yves Rousset, qui prône le dialogue avant tout, a repris le dossier déjà ouvert par l’un de ses prédécesseurs Yves Le Breton, le dernier représentant de l’État l’ayant «rangé» dans son garage, avec ses voitures de collection. Dès sa prise de fonctions, à l’occasion du 8 mai, Yves Rousset connaissait presque tout, Alain Gauthier l’ayant respectueusement abordé pour l’informer de cette menace.
Au centre, le préfet Yves Rousset
En une réunion, à la préfecture de Loir-et-Cher, le dossier a trouvé un apaisement, provisoire, qui a permis, de suite, de travailler le sujet, services de l’État et associations ayant pu s’exprimer calmement. La coupe, nécessaire, sera étudiée et encadrée avec minutie, après la mise en valeur du site, par un balisage, l’édition d’un livret pédagogique et une communication, sous l’égide d’Agglopolys, en relation avec la DRAC et l’ONF. Il est souhaité la mise en place d’un comité scientifique, historique et mémoriel, mais également technique pour le suivi et l’évolution du site, qui pourrait être visité par des scolaires ou des associations évoluant autour du et des souvenirs, et ce, en toute sécurité, bien entendu.
Mais, pour éviter tout accident par chute de branches mortes ou autres, la coupe de certains arbres, au rythme de un sur dix environ, sera encadrée et effectuée sans trop de casses au sol, dans le respect des installations qui seront toilettées et réaménagées dans un esprit de véracité. 22 arbres posent, réellement, problèmes, mais, là aussi, le dialogue l’emporte, avec des abattages directionnels ciblés pour éviter toute dégât possible. L’entretien primera ensuite sur l’exploitation presque impossible de cette partie de la forêt.
Toujours est-il que Yves Rousset ; Dominique (Mme) De Villebonne pour l’ONF, et Luc Forlivesi pour la DRAC, en accord avec tous les participants à cette importante réunion, ont conclu que la raison l’avait emporté sur la tempête…que l’on aurait peut-être pu éviter de lancer s’il y avait eu dialogue, en amont… Car, chacun(e) sait qu’en France, si on se fout de l’actualité chaude, comme de sa première dent de lait, on ne joue, jamais, avec le passé…
Richard Ode.