Paris : derniers jours de l’expo « Le modèle noir, de Géricault à Matisse »

« Le modèle noir, de Géricault à Matisse »

Qui sont ces modèles noirs, acteurs souvent oubliés des avant-gardes du début du XXe siècle? Le sujet, longtemps négligé par les historiens de l’art ressurgi avec cette exposition remarquable qui a arraché des cris à Abd Al Malik, invité d’honneur du Musée d’Orsay,  quand il a découvert « Le jeune noir à l’épée » peint par Pierre Puvis de Chavanne en 1850, en hommage à l’abolition de l’esclavage décrétée deux ans plus tôt en France.

“Ce ‘Jeune Noir’, c’est moi. C’est nous. C’est notre besoin à tous de faire peuple”, a-t-il publié. Tout un symbole. Comme le portrait de cette jeune femme noire qui fixe le spectateur dans les yeux, peinte par Marie-Guillemine Benoist  en 1800. Elle est, à elle seule, un manifeste féministe et anti esclavagiste.on est loin des poncifs racistes et des fantasmes exotiques, comme le raconte cette exposition, illustrée d’œuvres de Géricault, Girodet, Carpeaux, Cézanne, Matisse, et d’autres peintres parfois peu connus. L’exposition fait également la part belle à la production des artistes noirs du « Harlem Renaissance » durant les années 20 qui fascinèrent tant Matisse et ses contemporains. En 1919, la première conférence panafricaine y est organisée par l’un des acteurs majeurs de la Renaissance d’Harlem, W.E.B. du Bois.

Ce sont les premiers jalons d’une revendication d’autodétermination des noirs. A Paris aussi, à partir des années 30, en pleine hégémonie coloniale et montée des périls fascistes, l’affirmation de la négritude est portée par la création en 1931 de la Revue du Monde noir et par les poètes Léon Gontran Damas, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor qui fondent en 1935 la revue L’Etudiant noir.  Michel Leiris, la revue Document de Bataille revendiquent quant à eux une approche ethnographique et sociologique des objets africains ; les surréalistes s’associent au Parti Communiste pour organiser une contre-exposition face à la gigantesque exposition coloniale de 1931.

Quant à André Breton, il fuit en 1941 le régime de Vichy pour New York, accompagné des peintres Wilfredo Lam et André Masson et découvre, fasciné, à Fort-de-France, le poème de Césaire, « Cahier d’un retour au pays natal ». Il écrit avec Masson un double hommage syncrétique, à la Martinique et au Douanier Rousseau (Martinique, la charmeuse de serpents (1948)). Un monde est né.

« Le modèle noir, de Géricault à Matisse »,  au musée d’Orsay, jusqu’au 21 juillet. www.musee-orsay.fr

Bénédicte de Valicourt.

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