Monsieur le Maire d’Orléans,
Vous allez recevoir ce mercredi votre “homologue” chinois, le maire de la ville de Yangzhou, pour traiter des échanges entre nos deux villes. Pourtant vous ne pouvez pas ignorer que M. Xia Xinmin n’est pas un élu des habitants de cette ville puisque la Chine Populaire a institué un régime de parti unique qui interdit toute forme de débat démocratique et donc toute forme d’élection représentative, justification du massacre des étudiants de la place Tian’anmen, il y a tout juste trente ans.
Vous ne pouvez pas non plus ignorer, Monsieur le Maire, que M. Xia Xinmin en tant que membre du Parti Communiste Chinois est solidaire de la répression que mène son pays dans la région du Xinjiang à l’encontre de la minorité Ouïgoure. Vous ne pouvez d’autant moins l’ignorer que pas plus tard que la semaine dernière, 22 pays dont la France se sont adressés à la Chine via l’ONU pour confirmer « les rapports crédibles faisant état de détentions arbitraires (…) ainsi que de surveillance généralisée et de restrictions, ciblant particulièrement les Ouïgours et d’autres minorités dans le Xinjiang en Chine ». D’après Human Right Watch, plus d’un million d’entre eux sont détenus dans des camps de détention qui s’apparentent clairement à des prisons ou à des camps de travail où hommes, femmes et enfants sont contraints d’apprendre la « pensée Xi Jinping », président autoproclamé à vie de la Chine communiste.
Vous ne pouvez pas non plus ignorer que la population de Yangzhou, comme toute la population chinoise, est aujourd’hui soumise à un système d’inquisition qu’aucun auteur de science fiction n’osa jamais imaginer, par le développement de la reconnaissance faciale numérique via des centaines de millions de caméras implantées sur tout le territoire, surveillance permanente qui permet en plus de la surveillance de l’internet et des communications, de classer les citoyens chinois en limitant leur accès aux services publics tant de santé de transport ou de scolarité. Et la Chine se propose d’exporter son savoir-faire à toutes les dictatures qui souhaiteraient en faire l’acquisition…
Vous ne pouvez pas enfin ignorer que Reporter Sans Frontière classe la Chine au 177 ème rang mondial (sur 180, juste devant la Corée du Nord…) pour la liberté de la presse, que les médias chinois sont placés sous un contrôle étroit du Parti communiste, alors que l’administration chinoise multiplie les obstacles au travail de terrain des correspondants étrangers et que plus de 60 journalistes connus sont toujours derrière les barreaux, dans des conditions qui laissent craindre pour leur vie comme pour le Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo mort en 2017.
Mais sachez au moins, au moment de serrer la main de ce représentant de la dictature chinoise que certains de vos concitoyens orléanais n’ignorent pas sous quel régime vit la population de la Chine communiste.
Gérard Poitou