La mort d’un jeune mineur à l’hôtel du Sauvage d’Orléans dans la nuit du 26 au 27 juin 2019 déclenche la colère des associations. Ce drame repose aussi la question de l’accueil de ces jeunes étrangers et surtout les carences de leur prise en charge.
Le jeune guinéen de 17 ans, était sous la responsabilité de l’ASE, (Aide Sociale à l’Enfance) qui dépend du conseil départemental du Loiret. Son corps, sans vie, a été découvert le 27 juin au matin dans sa chambre d’hôtel, rue de Bourgogne à Orléans. Une enquête a été ouverte et une autopsie ordonnée. Toutefois, selon le procureur de la République, Nicolas Bessone, ce décès serait lié à une consommation excessive d’alcool et de tranquillisants comme l’a expliqué son amie, qui a passé la nuit avec lui.
Des jeunes majeurs à la rue du jour au lendemain, sans droits et sans ressources.
Un drame qui met le feu aux poudres. Dans son communiqué du 28 juin, le COJIE 45, Collectif de soutien aux jeunes isolés étrangers du Loiret, crie sa colère et accuse je cite « l’Aide sociale à l’Enfance, aux ordres du Conseil départemental du Loiret, qui parque des jeunes mineurs isolés étrangers dans les hôtels sans suivi éducatif et social » avec 150 jeunes majeurs qui seront à la rue le 31 août, puisqu’ils ne dépendront plus de l’ASE. Cependant, Alexandrine Leclerc, vice-présidente du Loiret, chargée de l’action sociale, annonce la création, courant juillet, d’une structure adaptée à Ouzouer sur Loire, dédiée au MNA (mineurs non accompagnés) qui arrivent en France. Un lieu géré par Humanis, qui pourrait héberger et suivre une cinquantaine de jeunes étrangers pour « un accueil plus humain et plus fluide » explique l’élue départementale. Un projet accepté après de fortes réticences locales et des refus ailleurs, notamment à Orléans.
L’AIDAPHI, pointée du doigt
Le COJIE 45 dénonce aussi « les pratiques déviantes de l’AIDAPHI, association en charge de multiples programmes dont l’aide à l’insertion, qui met aujourd’hui à la rue sans délai, une trentaine de jeunes majeurs sans aucune ressource, sous prétexte qu’ils ne sont plus « prioritaires. » Interpellés lors de leur Assemblée Générale, le président et la directrice générale de l’AIDAPHI, ont déclaré être non responsables et se plier aux injonctions orales de la préfecture ». Pourtant rappelle le COJIE « le Code de l’Action sociale et des familles préconise que les personnes accueillies en urgence doivent l’être jusqu’à une sortie autonome dans le cadre des conventions écrites avec les financeurs ! »
Des marches et une pétition pour protester contre le manque de suivi de ces jeunes.
Des associations qui se mobilisent avec les marches des colères. La première a rassemblé à Orléans, le samedi 29 juin, une centaine de personnes autour de plusieurs revendications dont celle d’une meilleure prise en charge des mineurs étrangers non accompagnés. La prochaine, programmée le 10 juillet avec un rendez-vous à 17h place de Gaulle, propose une marche vers la préfecture avec une demande de rencontre. Une pétition en ligne a aussi été lancée par des enseignants du Loiret sous le titre Jeunesse sans papier, jeunesse volée : ça suffit !
Sophie Deschamps
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