D’une puissante tendresse et d’une profonde humanité est l’œuvre du sculpteur Marc Petit, artiste né en 1961 à Saint-Céré,dans le Lot, et qui vit et travaille aujourd’hui dans le Limousin.Organisée et proposée par la société des Artistes Orléanais, cette exposition de quarante œuvres monumentales qui s’ouvre ce jeudi au Campo Santo d’Orléans , est bouleversante d’une âpre gravité.
Marc Petit
Un tête à tête avec l’humanité
Marc Petit, à qui un musée est d’ores et déjà dédié à Ajaccio par François Ollandini, s’est volontiers exprimé sur son travail: “Je recherche le beau, à ne pas confondre avec le joli. A travers mes personnages, je montre une vérité sans maquillage, j’essaie de garder l’essentiel, de supprimer le superflu.”Lorsque l’on déambule dans le Campo Santo, où les œuvres sont judicieusement disséminées au quatre coins du site pour privilégier le dialogue avec chacune d’elle, on ne peut que percevoir, comme l’a magnifiquement écrit Claude Gallay, en parlant de ce travail qui force au recueillement, que, ” parfois, oui, la matière pleure”.
Soif et mains tendues vers la lumière
Au Campo Santo s’ouvre ainsi, dès ce jeudi, une saisissante exposition, celle de l’un des plus grands sculpteurs de ce temps, celle de celui qui fut l’invité d’honneur du salon des Artistes orléanais en mai dernier en la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier et qui, pour tout discours, scanda d’une voix fiévreuse et rocailleuse venue du fond du cœur le texte de Nougaro, “Le Chant du désert”.
Aujourd’hui, au vu des œuvres, résonnent encore les mots du poète célébrant “les ossements d’un poème mort de fatigue”, “le bâillon d’encre sur la bouche “, “les enfants claquant du bec dans la patrie de l’innocence”.
Que de beauté dans tout cela, quel hymne à la création, à la tentative désespérée et heureuse du partage ! Que de force dans le geste puissant et douloureux de cet artiste dénonçant , auprès de ses frères humains, “les bêtes féroces et les bourreaux “. Voici ainsi l’hymne torturé tentant d’apporter réponse avec bonté et compassion à la soif de lumière des plus humbles et des martyres.
L’âme du corps transcende le bronze
Au Campo Santo, après deux jours d’installation forcenée, un petit oiseau, un rouge queue, se pose et sautille, allant de l’une à l’autre, sur les mains des statues. L’image, emplie de fraîcheur, ne peut que nous faire revenir
au temps d’Orléans’Jazz ou l’émouvant harmoniciste Toots Thielmans, s’arrêtait tout à coup de jouer pour nous faire écouter, avec malice et émerveillement, pointant du doigt le chant strident des martinets virevoltant au-dessus du Campo Santo.
Ce jeudi soir, lors de l’inauguration, à compter de dix-huit heures trente,
la danseuse et chorégraphe orléanaise Anne Perbal, fondatrice de la compagnie
Les yeux grands fermés, évoluera en osmose au cœur des œuvres de Marc Petit sur la stellaire et hypnotique
“Beneath a Blanket “, musqiue de Harnes -Kretzer et Niklas Paschburg.
La soprano orléanaise Daphne Corregan la rejoindra ensuite sur un chapitre de
“Tillandsia”, création de la compagnie de la chorégraphe.
Œuvres et corps feront ainsi œuvre commune ensoleillée à Orléans, le temps d’une émotion, de quelques battements de cœur, en toute et simple ferveur.
Jean-Dominique Burtin.
Photos: JDB.
“Les Monumentales de Marc Petit”, sculptures,
du jeudi 4 juillet au dimanche 25 août.
Entrée libre tous les jours, de 7 h 30 à 20 heures.