Jazz à l’Evéché: clap de fin*

Belle soirée de clôture ce samedi soir pour Jazz à l’Evéché dans une atmosphère de douceur estivale. Pas de doute le jazz est là et bien là ce soir avec dès l’ouverture sur la grande scène avec la belle voix d’Alula qui, dans un éclectisme musical et linguistique, nous embarque pour un voyage entre l’Afrique et l’Europe, l’atmosphère mélodique est plantée pour la soirée.

Alula cl Marie Line Bonneau

Un petit tour à la scène de la Caravane pour retrouver Benoit Lavollée, toujours aux marteaux de son vibraphone, accompagné d’une batterie et d’un trombone parfois facétieux, avant de se retourner à nouveau vers la grande scène avec l’univers cinématographique de Fred Pallem & le Sacre du Tympan, titre un peu facile pour ce grand orchestre de onze musiciens qui rivalisent de talent dans un programme soul cinéma inspiré des standards américains. Le crooner tendre aux lunettes noires Dom Farkas ouvre le bal avant de laisser la place à la banane gominée et chemise rouge de Hugh Coltman que l’on retrouve à Orléans dans un tour de chant électrique qui finira par faire danser le public, avant un final à deux voix sous les rappels du public. En plus des excellents solos du guitariste, un extravagant solo de l’énorme saxophone basse restera dans les annales du Festival.

Le Sacre du Tympan cl Marie Line Bonneau

Il faut dire que le début de semaine fut plutôt décevant, si Greg Zlap, déjà vu à Orléans en 2014, a assuré le job le mercredi soir et le lendemain avec son “Epopée du souffle” qui a ravi et initié à la musique plusieurs centaines d’enfants des écoles avec leurs enseignants, la prestation de Cyrille Aymée fut plutôt décevante avec une voix qui eut bien du mal à capter le public entre deux récits un peu longuets, couverte par un brouhaha continu…

Et que dire du concert d’Organic Live Band qui se proposait d’ouvrir une liaison qui promettait d’être riche d’innovations entre hip hop et jazz, et qui offrit finalement une création pour le moins inachevée, à l’exception de l’ouverture échevelée de la sud-africaine Yugen Blarrock. Ajouter un peu d’instrumentation jazzy sur du rap bâclé qui se contente de proclamer toutes les deux minutes “Orléans faites du bruit” relève du pâté de cheval alouette régional: un cheval de rap, pour une alouette de jazz… Certes cette ouverture à d’autres univers musicaux attira quelques centaines de jeunes venus écouter des chanteurs connus d’eux seuls, dommage qu’un peu moins de facilité musicale n’ait pas permis de tenir le pari du mix entre les richesses de ces deux mondes sonores si proches. Heureusement quelques groupes moins prestigieux se partagèrent la grande scène et la Caravane, avec le jazz inventif de Enez, le jazz fusion de Red Report ou la voix du blues avec Revivor, pour nous rappeler ce qu’est la bonne musique bien en place avec des interprètes de talent.

Reste que ce Festival (nommé le Restival en son temps), peine à l’évidence à sortir des contraintes du parcours imposé avec la réduction drastique des budgets qui a suivi la disparition d’Orléans Jazz. La programmation conjointe de quatre structures plus un directeur artistique, dont la compétence n’est évidemment pas en cause, a bien du mal à trouver son unité, surtout si l’on y ajoute l’obligation de la gratuité qui limite les ambitions, la jauge du jardin de l’Evéché (heureusement le public toujours nombreux a néanmoins échappé aux interminables files d’attente des années passées) et une seconde scène, la Caravane, mouchoir de poche qui rend difficile la mise en valeur des groupes programmés…

On reprocha à Orléans Jazz son manque de notoriété, rêvons qu’une nouvelle équipe municipale retrouve l’envie et le chemin d’une manifestation musicale orléanaise dotée des moyens de ses ambitions…

GP

*Nathalie Kerrien ajointe à la Culture de la Ville d’Orléans n’a-t-elle pas annoncé avec les remerciements d’usage du dernier soir, faire ses adieux à Jazz à l’Evéché ?

Le programme de Jazz à l’Evéché (Orléans)

Commentaires

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  1. Merci pour votre travail, j’aime bien vous lire, j’aime votre ton quand il est un peu rentre dedans, ça aide cette ville que j’aime à grandir.
    Mais là, vous avez voulu faire un clap de fin un peu court…et du coup de la place pour des groupes que l’on aurait laisser dans l’ombre.
    J’y ai entendu des groupes carrément superbes !
    MOP 4, Elefent, Electric blues duo et Revivor, ces deux derniers méritaient largement la grande scène à mon avis.
    Pour les autres vous en avez parlé, Red Report, Enez.
    Pour les autres n’en parlons pas, plus…gardons que les bons souvenirs.
    Marianne

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