“Ode à Clara”, un concert romantique à Orléans

Ce qui étonne à l’écoute des compositeurs romantiques, c’est leur capacité d’émouvoir un large public: cette “Ode à Clara” réunissant trois compositeurs, Schumann, Mendelssohn et Brahms autour de cette femme musicienne, personnalité “fantôme” de ce concert, qui les inspirera profondément, tant sur le plan artistique que sentimental en est la brillante illustration. Et si le drame romantique ou la peinture du XIX ième siècle nous sont souvent difficiles d’accès, la musique romantique garde intacte sa puissance d’évocation.

Et pourtant le concert de l’Orchestre Symphonique d’Orléans, ce samedi au Théâtre, débuta avec “L’hymne à la nuit” de Robert Schumann, pièce à la composition très tourmentée, où l’obscur se lie à la souffrance du compositeur dans une sombre nuit qui porte la peur de la mort: le chef Marius Stieghorst nous en confiait la difficulté d’interprétation dans son interview de présentation, laissant les musiciens trouver leur relation personnelle à cette œuvre complexe dans sa relation avec le chœur. Et puis changement d’univers avec cette brillante “ouverture du Songe d’une nuit d’été” inspirée par la pièce de Shakespeare où Mendelssohn donne dans cette œuvre de jeunesse, la plénitude de son talent précoce, avec une nuit cette fois plus féerique et poétique, soulignée par la présence des cuivres dialoguant à merveille avec les cordes: la nuit devient un rêve…

Retour du Chœur Symphonique du Conservatoire pour trois œuvres de Brahms, tout d’abord “le Chant du Destin” inspiré par un poème du dramaturge Hölderlin, dans une thématique très romantique opposant l’insouciance des dieux au destin tragique de l’homme, opposition à laquelle Brahms ajoute un final instrumental plus joyeux pour notre plus grand bonheur. Suivent “Les chants d’amour en forme de valses” où chœur et orchestre donneront la plénitude de leurs talents dans cette évocation entraînante et pleine de légèreté, de l’amour et de la danse, avant d’entamer “les Nouveaux Chants d’amour” marqués cette fois, par la mélancolie du compositeur ayant appris le mariage de Julie Schumann avec un comte italien…

Et puis retour du compositeur Robert Schumann, le mari dépressif de Clara, avec cette symphonie n°3 dite “Rhénane” composée en 1851, peu de temps avant sa tentative de suicide en se jetant dans le Rhin et son internement psychiatrique: comme une illustration de sa bipolarité, Robert Schumann nous offre ici une composition brillante et lumineuse jouant sur les contrastes de ces paysages rhénans, dans une expressivité symphonique d’une grande richesse parfaitement restituée par l’Orchestre.

Une musique romantique qui n’a pas pris une ride !

GP